Lundi prochain les diplomates européens prendront une décision préliminaire pour élaborer une série d'actions visant à détruire les navires des contrebandiers. Une stratégie d'aide aux réfugiés est élaborée en parallèle.
Des centaines de milliers de personnes fuient aujourd'hui l'Afrique et le Moyen-Orient, frappés par la guerre, à destination de l'Europe. Des villes entières participent à ce transport clandestin sur le territoire libyen en plein chaos. Les contrebandiers y chargent des réfugiés sur des bateaux de fortune qui font naufrage ou se désintègrent en chemin, entraînant des milliers de morts.
"L'opération nécessite de recourir à un large éventail de forces aériennes, maritimes et terrestres. On envisage le recours aux renseignements stratégiques et tactiques, aux équipes d'abordage, aux patrouilles aériennes et maritimes, aux unités de débarquement, aux forces d'attaque aériennes, terrestres et maritimes, y compris les unités spéciales", stipule le document obtenu par le quotidien britannique The Guardian. Cet extrait du document de 19 pages permet de constater que les diplomates européens, généralement modérés et calmes, ont enfin pris conscience du besoin de prendre des mesures fermes. La stratégie souligne qu'une opération terrestre en Libye pourrait être nécessaire pour éliminer les moyens de transport et les dépôts de carburant de l'ennemi. L'objectif final vise à détruire le modèle commercial des contrebandiers et c'est pourquoi l'opération doit se dérouler en plusieurs étapes et avec un travail de renseignement actif.
En dépit du langage dur du document, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini s'est empressée d'assurer à la presse "qu'aucun soldat ne foulerait le sol libyen". "Nous ne planifions aucune invasion militaire en Libye", a-t-elle déclaré après la publication du texte.
Cette initiative militaire nécessitera encore l'approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Mogherini s'est rendue la semaine dernière en Chine pour évoquer cette proposition pour s'assurer que Pékin n'utilisera pas son veto. Mais la chef de la diplomatie est surtout préoccupée par la Russie: Moscou a verbalement accepté de coopérer, mais pourrait rejeter les points durs de la résolution.
De son côté la Commission européenne a proposé son projet pour la prise en charge des réfugiés qui attendent leur sort dans les camps en dehors de l'UE, par exemple en Turquie ou au Liban. La CE suggère de répartir à travers l'Europe 20 000 réfugiés d'ici deux ans, avec un budget de 50 millions d'euros. Les fonctionnaires européens ont appelé les pays membres à assumer ensemble ces dépenses.
La part de chaque pays sera calculée selon une formule spéciale tenant compte du PIB, du taux de chômage, du nombre d'habitants, ainsi que du nombre de réfugiés déjà accueillis. De cette manière, l'Allemagne accueillera 18,4% des réfugiés, la France 14%, l'Italie 11,8% et l'Espagne 9%. Berlin, Paris et Madrid ont déjà soutenu cette initiative.
Les appels humanistes ne reçoivent pas un large écho. Au contraire, la voie du durcissement de la politique vis-à-vis des réfugiés et des clandestins est de plus en plus populaire, tout comme l'idée de les expulser d'Europe. Le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark ont eu droit à un privilège: en conformité avec la législation actuelle ils ne sont pas forcés d'attribuer des quotas de réfugiés.