Selon l'enquête menée par la radio, dont les résultats ont été publiés sur la version anglophone du site, Porochenko aurait illégalement acquis un terrain près de la Laure des Grottes de Kiev pour y lancer des constructions qui ont infligé un préjudice à l'édifice du XVIIIe siècle, puis aurait usé de son pouvoir présidentiel pour empêcher l'ouverture d'une enquête criminelle.
Le terrain en question est situé dans le quartier résidentiel de Tsarskoe Selo sur la rive du Dniepr à l'adresse 5, rue Radialnaïa. Dans ce quartier se trouve justement une grande curiosité de la capitale ukrainienne — la Laure des Grottes de Kiev, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Le territoire de la laure et les 220 ha de terrain qui l'entourent sont protégés par la loi. "Sans faire de bruit, Porochenko a progressivement acquis depuis sept ans environ 1 ha de terrain à cette adresse", rapporte RFE/RL. "Cependant, le plus alarmant est qu'il ait usé de son pouvoir présidentiel pour clore l'enquête sur ce sujet", souligne la radio.
En dépit des protestations de l'administration de la Laure des Grottes de Kiev et du statut protégé de la zone, un chantier a démarré en 2012 devant ses murs. "En principe, la construction sur ces territoires n'est pas interdite, mais elle est strictement réglementée et demande l'accord du ministère de la Culture et de l'Académie nationale des sciences. Pour ces travaux, aucune autorisation n'a été demandée", explique l'article. Au final, l'édifice du XVIIIe siècle a subi des dommages. Le parquet a ouvert une enquête mais en octobre 2014, alors que Porochenko était président de l'Ukraine depuis cinq mois, elle a été close "en l'absence d'infraction".
Porochenko et ses représentants se sont refusés à tout commentaire pour RFE/RL. La radio rappelle que même si les partisans du président le considèrent comme un combattant contre l'oligarchie et la corruption, "lui-même, contrairement à ses promesses de campagne, a conservé ses actifs d'affaires et reste l'un des individus les plus riches d'Ukraine avec une fortune d'environ 750 millions de dollars. De plus, en un an de présidence, il n'a toujours pas réussi à réduire l'influence des oligarques". "On peut donc s'interroger sur le sérieux des intentions du président de séparer la politique de l'argent", conclut l'auteur.
