Cette année, l'ouverture et la clôture du festival visent à illustrer l'attachement du festival aux thèmes importants, même s'il faut pour cela sacrifier les mondanités. Ainsi, La Tête haute est un drame social sur un adolescent difficile qui attire l'attention des enseignants et de la justice juvénile. Par ailleurs, La Glace et le ciel est un documentaire basé sur les découvertes de Claude Lorius, chercheur spécialisé dans les glaces antarctiques — les organisateurs de Cannes voient ce film comme un prologue à la conférence internationale sur les changements climatiques en fin d'année à Paris.
Le cinéma français domine explicitement au programme officiel: sur les 19 films, six sont français et treize sont coproduits avec le pays organisateur du festival. Trois sont tournés par des réalisatrices: Emmanuelle Bercot, Maïwenn Le Besco et Valérie Donzelli. Et la doyenne de la nouvelle vague française, Agnès Varda, même si elle ne participe pas à la compétition, se verra remettre la Palme d'honneur. L'Italie occupe trois places dans le programme de la compétition: les nouveaux films de Nanni Moretti, de Paolo Sorrentino et de Matteo Garrone sont toujours présents à Cannes. Il reste ainsi peu de places pour les autres pays, et même aucune pour l'Amérique latine.
Ces changements s'expliquent en partie par la réduction du programme du festival. Est-elle compensée par la qualité? En tout cas, les meilleurs réalisateurs représentent leur pays: la Chine (Jia Zhangke), Taïwan (Hou Hsiao-hsien), le Japon (Hirokazu Koreeda) et les USA. Les habitués du festival, les cinéphiles et les experts ne se limitent pas au concours et cherchent les perles rares dans les programmes parallèles.
Le nouveau cinéma russe est pratiquement absent à Cannes cette année, ce qui est regrettable. A défaut de présenter des films pour la compétition, il y avait tout de même des créations intéressantes à diffuser dans les programmes parallèles, mais toutes les propositions n'ont pas passé le filtre de sélection de Cannes. A l'exception du programme de courts métrages des écoles de cinéma Cinéfondation, où ont été invités Maria Gouskova (Retour d'Erkine) et Maxim Chavkine (Quatorze pas). Autre exception — le cinéma classique. Dans les programmes de rétrospective sera diffusé Ivan le Terrible réalisé par Sergueï Eisenstein et la copie restaurée de la comédie satirique d'Elem Klimov Soyez les bienvenues, ou Entrée interdite aux étrangers.