Une bonne nouvelle pour la France, fournisseur à 75% pour l'équipement militaire du Qatar dont la flotte civile est presque entièrement équipée par Airbus.
Il n'est pas étonnant que d'un coup, François Hollande s'intéresse aux marchés arabes et que ceux-ci achètent français. La transaction est principalement liée aux événements tragiques au Yémen, étant donné que le Qatar soutient l'Arabie Saoudite contre les houtis, d'une part, et, d'autre part, fait partie de la coalition internationale d'une soixantaine de pays, dont la France, qui lutte contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak. «Je pense que cela correspond à la logique de l'alliance de la France avec l'ensemble sunnite actuellement engagé face au bloc chiite, nous a confié Frédéric Encel, géopolitologue français, professeur à la Paris Business School et à Sciences Po Paris. Si on additionne ce contrat aux Rafale acquis par l'Egypte, qui ont été financés par l'Arabie Saoudite, le cœur de cet ensemble sunnite, ainsi qu'au matériel militaire vendu à l'armée libanaise majoritairement composée de sunnites et de chrétiens, puisque les jeunes combattants chiites libanais vont plutôt au Hezbollah, si on additionne à tout cela les deux prochains contrats aux Emirats arabes unis où la France dispose déjà d'une base militaire et d'un marché également important (les Emirats ont déjà acheté à la France du matériel lourd) — vous avez un schéma général qui est extrêmement cohérent.»
Le caractère radical et anti-démocratique du client mis à part parce que l'argent n'a pas d'odeur, il faut voir la « contrepartie » demandée par le Qatar. Même si cela reste à confirmer, Doha a décroché de Paris de pouvoir faire atterrir les avions de Qatar Airways dans deux nouvelles villes: Nice et Lyon, respectivement les troisième et quatrième aéroports français les plus fréquentés. Air France qui peine à redresser ses finances après un long épisode de grève des pilotes en septembre dernier sonne l'alarme de peur d'être engloutie par la compagnie du Golfe. Sachant que Doha est l'actionnaire principal de Qatar Airways avec 42 milliards de dollars de subventions tandis que Paris ne détient que 16% du capital d'Air France, la concurrence déloyale risque d'être mise en jeu. François Hollande a beau démentir l'existence d'une contrepartie quelconque: les négociations en ce sens sont menées.
Plus loin: dès sa première visite à Doha en 2012, François Hollande demande régulièrement de l'argent à l'émirat qatari. En quelques années, le Qatar, au travers de ses différents véhicules d'investissement (Qatar Investment Authority, Qatar Holding LLC, Qatari Diar, etc), est devenu un acteur majeur de l'économie française. Il finance les PME et les banlieues, sans compter des dizaines de milliards d'euros d'investissements dans l'immobilier de luxe, les grandes entreprises françaises et le sport. En d'autres termes, le Qatar n'est pas loin de détenir une part de lion dans l'économie française.
Dans ce contexte, acheter des Rafale, quand on est le Qatar, signifie de mettre la main sur l'ensemble du secteur militaire français et, plus loin, sur la défense de l'Hexagone. Il ne faut pas être Madame Soleil pour comprendre ce que cela signifie.
On se demande alors si la troisième exportation des Rafale constitue un atout dans la poche du politique Hollande qui a su mener à terme les négociations engagées puis suspendues sous Nicolas Sarkozy. François Hollande serait d'ailleurs le premier chef d'Etat étranger à se faire inviter au sommet du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe. Ou bien il pourrait s'agir d'un drapeau blanc brandi par le Président de la République en direction d'un régime « féodal et islamiste radical » capable de racheter l'Hexagone si nécessaire…