Pour les États-Unis, la concurrence avec la Russie sur le marché européen du gaz est une bataille perdue d'avance, estime l'analyste de Forbes Kenneth Rapoza.
Le gaz produit aux États-Unis ne peut atteindre le marché européen que par la voie maritime. En ce moment, quatre terminaux pour l'exportation de gaz naturel liquéfié (le GNL) sont en cours de construction dans le pays et un cinquième est en projet. Mais un seul d'entre eux — Corpus Christi — a conclu des contrats avec l'Europe.
Les entreprises américaines peuvent entrer sur le marché européen, mais pour rivaliser avec Gazprom elles devront produire leur gaz quelque part plus près de l'Europe. Sinon, la stratégie visant à évincer la Russie du marché européen sera, selon l'analyste, une "bataille perdue".
L'énergie reste un des points d'achoppement dans la politique internationale, comme en témoignent les sanctions des USA contre Gazprom, Rosneft et Lukoil. La Russie, à son tour, a proposé à la Grèce de devenir le pays clé de transit du gaz avec le gazoduc Turkish Stream. La Grèce, quant à elle, a récemment déclaré que les USA lui avaient fait une "contre-proposition".
Selon les estimations de l'Agence d'information sur l'énergie, les USA ne deviendront un pays exportateur d'hydrocarbures qu'en 2021 et seulement à condition que le prix du pétrole soit élevé. Même si à ce moment-là, Gazprom perd alors une partie du marché européen, les États-Unis se trouveront tout de même dans des conditions de concurrence féroce avec d'autres producteurs.
"Si Washington envisage d'écarter la Russie de sa propre arrière-cour, il devra produire beaucoup d'efforts et parcourir un long chemin", conclut Rapoza.