Le général John Hyten, chef du Commandement spatial de l'armée de l'air américaine, a fait cette demande alors que les USA ont commencé à revoir le contrat qui les liait à la Russie en raison de la détérioration des relations avec Moscou après les événements en Crimée. Si les législateurs approuvent la requête du Pentagone, c'est qu'ils n'auront pas trouvé d'alternative à ce moteur.
Hyten a déclaré que le Pentagone avait déjà officiellement demandé au congrès de porter des amendements au texte du 2015 National Defense Authorization Act adopté en décembre 2014. Ce dernier prescrivait à l'armée de l'air de passer d'ici 2019 à l'utilisation de moteurs américains pour remplacer le RD-180, et préconisait de limiter les achats en Russie. Le Pentagone insiste de facto sur un prolongement de quatre ans de la durée d'exploitation limite du RD-180 par le pouvoir législatif, explique le général.
Les moteurs RD-180 équipent les fusées Atlas 5, qui lancent sur orbite des satellites américains civils et militaires. Ces fusées sont fabriquées par United Launch Alliance – une coentreprise des géants Lockheed Martin et Boeing. Le montant total de l'accord avoisine les 11 milliards de dollars.
La tension dans les relations entre Moscou et Washington, survenue après l'intégration de la Crimée à la Russie, a poussé les parties à revoir leurs projets spatiaux communs. La question de l'utilisation des moteurs russes faisait partie des plus discutées: leur utilisation par les Atlas pour le lancement de satellites militaires a transformé ce problème en question de sécurité nationale. Le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine avait même proposé d'interdire l'exportation des RD-180.
En septembre 2014, le Pentagone a commencé à préparer ses recommandations pour la recherche d'une alternative. Le 19 novembre, l'agence de presse Reuters révélait que le fournisseur de moteurs de fusée aux USA, l'homme d'affaires russe Iouri Kovaltchouk, figurait sur la liste noire des sanctions occidentales. La société NPO Energomach a démenti ces suppositions. En décembre, les sources de Reuters affirmaient que le Pentagone était prêt à allouer plus de 200 millions de dollars pour l'élaboration d'une alternative.