Washington doit engager un dialogue effectif avec Moscou, la politique d'"isolement" de la Russie ne génèrera qu’une aggravation des actuels foyers de tension, a estimé Stephen F. Cohen, universitaire américain spécialiste de la Russie soviétique.
Et d'ajouter qu'aucun de ces dangers fondamentaux ne pourrait être écarté sans coopération avec la Russie, quelle que soit la personne qui se trouve au Kremlin.
"Même après l'éclatement de l'Union soviétique, la Russie reste le plus grand pays du monde en termes de territoire, à cheval entre la civilisation occidentale et celle de l'islam. La Russie possède plus de ressources que n'importe quel autre pays du monde, des ressources énergétiques jusqu'aux ressources hydrauliques. Et on ne doit évidemment pas oublier son arsenal d'armements. Enfin, que les Etats-Unis le veuillent ou non, la Russie a des partenaires et des alliés à travers le monde et même en Europe", a fait remarquer M.Cohen.
"Tout d'abord, dans le contexte de la mondialisation en cours, il est tout simplement impossible d'isoler la Russie, ce pays étant trop grand. En dehors de l'Occident, Moscou a une large marge de manœuvre. Depuis que le président américain Barack Obama a déclaré que la politique des Etats-Unis visait à isoler la Russie, Moscou a signé plus d'accords de coopération économique, politique, militaire et financière que Washington", a rappelé le politologue.
"Ensuite, a-t-il poursuivi, une Russie isolée de l'Occident ne sera pas moins compétitive. Elle se rapproche d'autres Etats et peut se tourner là où elle le voudra, notamment vers l'Orient, ce qu'elle fait d'ailleurs à présent".
Et de souligner que les Etats-Unis avaient avant tout besoin au Kremlin d'un partenaire ayant les mêmes intérêts fondamentaux, sans que ce partenaire soit forcément un ami.
"Pour que cela puisse se faire, nous (Etats-Unis, ndlr) devons engager un dialogue effectif avec la Russie sur les problèmes de sécurité et sur toutes les autres questions", conclut M.Cohen.