La Grèce espère recevoir près de 5 milliards d'euros grâce à cet accord gazier avec la Russie — somme qui pourrait aider le pays à éviter le crash financier qui pointe en raison de désaccords avec les créanciers européens concernant le programme de réformes à suivre. Les Européens, eux, envoient à Moscou des signaux controversés: Berlin salue l'aide russe à la Grèce et rêve même de créer une zone de libre-échange avec la Russie, tandis que Bruxelles s'oppose aux nouveaux itinéraires de fournitures gazières en provenance de Russie.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré samedi qu'il serait ravi si l'éventuelle transaction énergétique avec Moscou rapportait de l'argent à la Grèce. Mais cela ne réglerait pas les problèmes financiers du pays, affirme Deutsche Welle. Les créanciers européens demandent en effet à la Grèce d'accepter de poursuivre une politique d'austérité — même si elle n'apporte aucun résultat depuis plusieurs années. Les négociations avec les Grecs au niveau des experts devraient mener à un nouveau projet d'accord d'ici le 24 avril, date de la réunion des ministres des Finances de l'UE à Riga.
De plus Bruxelles fait pression sur les négociations, qui veut conserver le transit du gaz russe via l'Ukraine — ce à quoi Moscou s'oppose clairement. Dans le même temps, la Russie a signé des contrats à long terme pour livrer son gaz en Europe, qui pourraient être remplis aussi bien via l'Ukraine que le nouveau Turkish Stream. C'est pourquoi les déclarations de Moscou sur la suspension du transit gazier via l'Ukraine après 2019 renforcent les positions de la Turquie et de la Grèce dans les pourparlers, qui pourraient obtenir de la Russie des conditions plus favorables.