Le ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine a, au contraire, diffusé une déclaration sur la façon dont la pratique de l'UE en matière de visas s'était améliorée en 2014.
Evropeïskaïa pravda a également obtenu les statistiques sommaires des consulats de l'espace Schengen. Nous pouvons constater que la situation n'est pas si positive que le ministère ukrainien essaie de la présenter. Bien au contraire, 2014 a été une année de problèmes pour les citoyens ukrainiens. Dans la plupart des pays de l'espace Schengen, le nombre de refus de visas aux citoyens ukrainiens a considérablement augmenté. Dans un certain nombre de consulats, la part des refus a augmenté de plusieurs centaines de pour cent, et la Belgique a refusé d'attribuer un visa à un demandeur sur dix.
Il s'agit d'une croissance sans précédent, et de taux incroyablement élevés. Ils sont la meilleure illustration du fait qu'en réalité, l'Europe a peur des migrants ukrainiens. Il est très probable que ce seront ces États qui bloqueront l'introduction par l'UE du régime sans visas au sommet de mai.
Mais d'abord, notons une autre caractéristique (même si elle est assez prévisible) de l'année 2014: l'année dernière, pour la première fois dans la décennie écoulée, le nombre de demandes de visas par les Ukrainiens a diminué.
En 2013, même en tenant compte du mois de décembre révolutionnaire, lorsque plusieurs habitants de Kiev ont renoncé aux voyages d'hiver à l'étranger, les ambassades Schengen en Ukraine avaient enregistré 1 587 000 demandes. En 2014, ce chiffre est tombé à 1 387 000. Les raisons de cette chute sont évidentes — pendant la guerre et la crise économique, les possibilités (et aussi le désir) des Ukrainiens de voyager ont diminué de manière significative.
Les "amis de l'Ukraine" et les "effrayés par la guerre"
On dit qu'au besoin on connaît l'ami, et le soutien et la confiance sont particulièrement importants quand la vie devient difficile… Le fait que les consulats de certains pays de l'UE n'aient pas commencé à punir les citoyens ukrainiens mérite notre reconnaissance. Il s'agit avant tout de la Lettonie et de la Lituanie, ainsi que de la Slovénie, de l'Estonie et de la Pologne.
Le taux de refus a également diminué en Allemagne, bien qu'il reste à un niveau élevé.
L'année précédant la présidence lettonne de l'Union européenne, la Lettonie a diminué de 3,5 fois le nombre de refus aux citoyens ukrainiens. Maintenant, son taux a atteint un niveau record de 0,16%. L'année dernière, la Lituanie a diminué le nombre de refus de près de moitié, jusqu'à 0,61%.
La Slovénie reste traditionnellement amicale à l'égard de l'Ukraine. Les experts de visas la connaissent comme un pays qui délivre volontiers des visas à entrées multiples. Elle a également diminué le nombre de refus — à 1,61%. Dans le troisième pays balte, l'Estonie, le taux de refus en 2013 s'élevait à 3,02%; aujourd'hui il est à 2,38%. Cela reste un niveau assez élevé, mais le fait même de la diminution en période de crise est un signal important.
La Pologne est digne d'une attention particulière. Pendant que d'autres États de l'UE craignent un afflux de migrants, Varsovie a déjà dû faire face à ce problème. L'année dernière, plus de 2 000 Ukrainiens se sont adressés aux autorités polonaises avec une demande d'asile (contre 50 il y a un an). Malgré cela, les Polonais n'ont introduit aucune restriction de visas pour les citoyens ukrainiens, le nombre de refus a même légèrement diminué à 1,8%.
Puisque les Polonais délivrent 40% de tous les visas en Ukraine, leur politique de visas est cruciale.
Cependant, les pays aux tendances négatives sont beaucoup plus nombreux. 16 sur 22 États Schengen qui ont des consulats en Ukraine ont augmenté leur taux de refus. Dans 12 d'entre eux, on constate une augmentation d'un tiers. Dans cinq d'entre eux ce chiffre a doublé. Le détenteur du record est la Finlande, où les refus ont augmenté de 3,3 fois. Il y a un an seulement, la Finlande faisait partie des États favorables aux Ukrainiens avec un taux de refus très bas.
Les migrants ukrainiens font même peur à la Suisse — elle a augmenté le taux de refus de 2,8 fois; à l'Espagne (2,6 fois), au Portugal (2,2 fois) et à la Grèce (2,1 fois).
Une règle tacite existe: un pays avec un taux de refus inférieur à 2% est considéré comme un pays de migration sécuritaire. En 2013, l'Ukraine a pour la première fois rempli cette norme (1, 85%), ce qui a été un argument sérieux en faveur de la suppression des visas. L'année dernière, le pays restait dans la zone sécuritaire (1,97%) seulement grâce à la Pologne et aux pays baltes.
Dans la zone Schengen, cinq États dépassent les 4% de refus. Avant tout la Belgique. L'Ambassade de Belgique en Ukraine est connue pour sa pratique "particulière" en matière de visas et par sa violation des accords de visa.
Le nombre de refus de visas aux Ukrainiens au consulat de Belgique est en croissance permanente depuis quelques années. Mais aujourd'hui il s'est dépassé lui-même — le taux de refus aux demandeurs ukrainiens a atteint 9,54%. Le taux de refus est également élevé en Suède (4,57%) et aux Pays-Bas (4,28%).
Les résultats positifs de l'année — les visas à entrées multiples
L'année dernière, la plupart des États Schengen s'est finalement débarrassée de la tendance incompréhensible de délivrer aux Ukrainiens des visas à entrée unique. Cette restriction était artificielle, n'était pas basée sur le code des visas de l'UE et n'aidait pas à lutter contre la migration illégale.
En 2014, tous les pays de l'espace Schengen ont augmenté le pourcentage de visas délivrés à entrées multiples. Sur l'année, 52,4% de tous les visas délivrés en Ukraine étaient multiples. Il y a un an, ce taux s'élevait à 39,0%.