En 2008 Ural-Atlantic a créé en Russie une association française d'entreprises de constructions mécaniques et de défense. En 2012 elle a été rebaptisée Cluster euro-russe après l'adhésion de plusieurs sociétés européennes. Après l'introduction des sanctions antirusses l'association a été transformée en Eurasian Cluster Mecanics & Defense.
Dans son interview accordée à la radio Sputnik Olivier Brisou parle de l'impact que les sanctions ont exercé sur les activités des sociétés occidentales en Russie.
Olivier Brisou:Oui, ça fait bientôt presque 12 ans que je suis à Ekaterinbourg, mais bien entendu je travaille dans presque toute la Russie, puisque la Russie aujourd'hui exporte de plus en plus. Je vais assez loin aux frontières.
Sputnik: Vous êtes bien placé pour apprécier la situation sur le marché russe et mondial, surtout les activités des sociétés occidentales. Quelle sera la meilleure tactique de ces sociétés?
Olivier Brisou: D'abord c'est savoir, si c'est la meilleure pour la Russie ou la meilleure pour l'Occident. Je fais partie des gens sur le terrain, on voit les choses, on essaye de pas avoir trop d'émotion. Je pense qu'aujourd'hui on ne dit plus «à cause des sanctions», mais on dit « grâce aux sanctions». La première conjonction c'est le manque des fournisseurs européens, le manque de certaines technologies, et ça fait prendre conscience à la Russie qu'elle est un petit peu dépendante. La théorie veut qu'on va chercher les fournisseurs manquants dans le bloc Indochinoasiatique. Ca marche un peu, mais il y a de grandes différences culturelles et certains pays sont pas trop avancés. En mettant une petite pincée de créativité et de savoir faire en Russie, les russes auraient d'en produire eux-mêmes. Et nous on est passé aujourd'hui de l'autre côté de la barrière, c'est qu'on industrialise, on fabrique.
Sputnik: J'ai parlé avec beaucoup de businessmen occidentaux. Ils gardent leur intérêt envers le marché russe, parce que c'est un marché énorme et avec de grandes possibilités.
Olivier Brisou: Oui, et je crois surtout ce qui devient très intéressant pour les gens qui regardent le marché russe, c'est que maintenant on raisonne par bloc. C'est à dire que la Russie avant était dans le bloc Brics, ce qui veut pas trop dire grande chose, parce que le Brésil est quand même très loin, et l'Afrique du Sud aussi, mais dans le bloc Indochine — Russie chacun de trois membres du bloc veut un petit peu émerger, et la politique que mènent le président Poutine et Monsieur Lavrov vis à vis de l'Inde, de la Chine et l'Asie, est extrêmement intéressante, parce que chacun essaye de trouver ses marques pour de constituer un bloc qui durera, mais quand même aujourd'hui ça marche.
Olivier Brisou: On prévoyait depuis deux ans une situation à peu près celle-ci. Donc personne n'est vraiment surpris. Tout le monde pense que le rouble va se raffermir. Aucune crise ne se ressemble, et celle-ci n'est pas comparable à celle de 2008, ni à celle de 1998, mais il faut se dire, c'est une contrainte de plus, c'est un composant de plus dans la vieille économie russe. Tout n'est pas blanc et noir. Je pense qu'on va retrouver rapidement un équilibre vers un dollar — 55 roubles, un euro — 60 roubles, la foire composée avec ça tant que le pétrole n'est pas monté au-delà de 80 dollars. On a des facilités effectivement. On reconsidère la façon de travailler en Russie, mais l'ennui c'est qu'on ne peut avoir qu'une vision à court, moyen terme. Bien malin est qui peut dire aujourd'hui quelle sera la situation de la Russie dans 10 ans par rapport au reste du monde et que sera le reste du monde, parce que on s'attente quand même d'implosions européennes qui sont presque évidentes, et puis des foyers extrêmement dangereux, qui sont pas très loin de la Russie et qui font des Ukraines bis, et ça peut vraiment changer la donne.
Sputnik: L'essentiel, c'est que l'intérêt vers le marché russe reste.
La deuxième chose, c'est que la Russie a pris comme un os « Soyons moins dépendants possible des économies externes ». Donc, on a renforcement. Alors, si une entreprise européenne aujourd'hui veut aborder le marché russe, je crois qu'il faut qu'elle revoie ses positions, il faut qu'elle comprenne que ça ne doit passer que par l'industrialisation en Russie. On considère plus la Russie comme une zone d'export. C'est ça le grand changement. C'est une zone de réimplantation. Ca plaira ou ça plaira pas, et je vois autour de moi les entreprises européennes qui travaillent avec nous, aujourd'hui on produit. Il y a quelques groupes français, mais qui sont des groupes de mentalité internationale, qui ont très bien compris un truc, et là on ouvre une usine au mois de janvier 2016.