Avec ta langue d'aujourd'hui?
Et tes idées et tes slogans?
Et le confort de ta vie?
Le coq De Gaulle renvoyé
C'est François qui joue son rôle!
Notre Jeanne D'Arc est oubliée
Ou réduite à être drôle!
La vie des autres? On s'en moque
Comme du futur de notre Terre.
Toi, le centre de l'Europe,
Tu dis: « Que vogue la galère! »
Ces paroles prophétiques, je les ai entendues il y a déjà longtemps, bien longtemps. Mais je ne peux m'empêcher d'y repenser à chaque fois que je consulte les bulletins économiques et autres sondages sur la santé publique de la nation. Encore jeune fille, j'entendais les adultes compter en francs anciens et — le comble! — en centimes! Cela me faisait rire, car je ne comprenais pas que les vieux se rappelaient encore les tickets de rationnement qui, en fait, n'ont été mis hors de circulation que dans les années 60! Le saviez-vous? Vous ne vous souvenez peut-être pas du temps où le poste de télévision faisait la joie de la maisonnée parce que le seul de la rue et que les gosses accouraient pour regarder les dessins animés par la fenêtre au lieu de jouer au ballon. Mes parents, eux, avaient la cheminée. On disait à l'époque que la cheminée était la télévision des pauvres. Tout ça est bien loin de vous, mes amis! Je divague, mais rien qu'à moitié. Parce que les derniers sondages me donnent raison et ce, de façon inexorable. Il se trouve que moi, toute ridée et défraîchie que je suis, je comprends la vie mieux que ces blanc becs des universités américaines qui nous pérorent sur la croissance à l'infini. Je veux bien que ce soit le cas, seulement dans ma région, en Bretagne, les gens ont du mal à joindre les deux bouts. Ils ont besoin d'avoir un petit jardinet à la campagne et d'aucuns roulent encore avec une 2CV.
Mais les Russes, tout comme les Américains d'ailleurs, ont leur secret d'endurance: un territoire continental glacé que l'on ne peut envahir avec une armée, car n'importe quelle armée s'y perdrait; des matières premières en abondance (et pas que le pétrole, mais aussi de l'or, des diamants, des métaux rares, du gaz naturel); du pain à revendre et la Défense que Vladimir Poutine a su redresser au prix d'efforts titanesques! Mais nous autres, en Europe, comment ferait-on? Cette question me démange d'autant plus que je suis une Française d'adoption. Faudrait-il que je me convertisse en islam pour que le Qatar paie la note? Ou bien le jour où la Chine mettra debout son nouveau système boursier comptabilisé en yuans (ils en ont déjà déclaré la couleur et Moscou a rallié leur cause), il faudrait réintroduire ces tickets de rationnement qui ont fait les délices de mon enfance? Je n'en sais rien. Je sais seulement que tout a un prix et qu'il faudrait licencier jusqu'à 20, voire 30% de fonctionnaires pour réduire la dette publique qui augmente. Il faudra aussi juguler la croissance démographique de nos chers immigrés qui ne savent, bien malheureusement, que le pain et le chauffage ont un prix, même pour eux et leurs enfants.