El Niño, phénomène de réchauffement persistant de la zone tropicale de l'Océan Pacifique, n'a pas eu lieu l'an dernier. Il a pris six mois de retard pour s'annoncer en février 2015, alors que personne ne l'attendait. La météo pourrait considérablement changer sur la moitié de la planète.
L'arrivée d'El Niño a été annoncée par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). En règle générale, ce phénomène dure 6 à 8 mois, mais le courant chaud observé actuellement pourrait être très long et se maintenir jusqu'à deux ans.
El Niño est aujourd'hui un terme tout aussi terrifiant que le réchauffement climatique. Cyclique, il se produit deux à trois fois par décennie avec une puissance qui peut varier.
Les chercheurs ne sont toujours pas d'accord sur les causes d'El Niño et la manière dont il impacte le climat de la Terre. Au cours du dernier pic de ce phénomène naturel en 1997-1998, de nombreux pays avaient enregistré des records de températures positives en période hivernale. Et les pays du bassin du Pacifique avaient été frappés par des ouragans dévastateurs et des inondations. L'impact d'El Niño sur la Russie est resté limité jusqu'à présent. Néanmoins, en octobre 1997, le thermomètre a affiché plus de 20°C en Sibérie occidentale et on a alors parlé d'un recul du pergélisol vers le nord. En août 2000, le personnel du ministère russe des Situations d'urgence expliquait les ouragans et les averses à travers le pays précisément par le phénomène El Niño. Les météorologues ne peuvent pas encore prédire comment la météo réagira au nouveau. Mais ils sont déjà certains qu'une année très chaude nous attend.
Certains chercheurs estiment que l'arrivée d'El Niño contribue aux conflits militaires et sociaux dans les pays touchés par ce phénomène. L'analyse des informations indique qu'entre 1950 et 2004 El Niño a contribué plus ou moins directement à un conflit sur cinq (21%). Certains chercheurs affirment même que cela double la probabilité d'éclatement de guerres civiles.
Les économistes sont plus certains dans leurs pronostics. L'an dernier, ils avaient déjà prédit des troubles économiques comme une baisse des récoltes dans certaines régions et une pénurie alimentaire.
En 2006-2007 un faible El Niño avait provoqué la sécheresse et entraîné une montée en flèche des prix des produits alimentaires. Conséquence: des émeutes de la faim dans des dizaines de pays.
Le terme El Niño a été mentionné pour la première fois en 1892, quand le capitaine Camilo Carrilo a annoncé au congrès de la Société géographique à Lima que les marins péruviens avaient appelé le courant chaud du nord El Niño parce qu'il était particulièrement notable pendant le Noël catholique. En 1893, Charles Todd avait supposé que les sécheresses en Inde et en Australie se produisaient en même temps. C'est également ce qu'avait indiqué en 1904 Norman Lockyer. Pezet et Eguiguren associaient aussi en 1895 le courant chaud du nord près des côtes du Pérou aux inondations dans ce pays. Pendant longtemps, aucune attention n'avait été accordée à ce phénomène, considéré comme régional. Le lien entre El Niño et le climat de la planète n'a été découvert qu'à la fin du XXe siècle.
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