Les Tchèques hostiles au passage d'un convoi d'environ 120 blindés de l'Otan, qui rentre en Allemagne après des exercices en Pologne et dans les pays baltes, se rassembleront samedi au centre de Prague.
"Ces dernières années, le convoi se déplaçait par rail. Mais cette année, il traverse les territoires des pays auxquels l'Otan veut montrer sa puissance. Une manifestation de protestation importante contre le passage des forces de l'Otan par le territoire du pays se tiendra samedi sur la place Venceslas de Prague. Des médias ont rapporté que les actions de protestation contre le convoi seront punies conformément au Code pénal", a déclaré à Sputnik Jan Carnogursky, ancien vice-président du gouvernement fédéral tchécoslovaque et ex-premier ministre de Slovaquie (1991-1992).
Le gouvernement tchèque a récemment donné son feu vert au passage d'environ 120 blindés et des centaines de soldats américains qui doivent rentrer à une base militaire en Bavière d'ici le 1er avril après avoir participé à des exercices de l'Otan dans les pays baltes et en Pologne. Le convoi doit parcourir environ 1.800 km et traverser six pays pour montrer aux Lituaniens, Lettons, Estoniens, Polonais et Tchèques qu'ils sont "bien protégés".
"A mon avis, la plupart des Tchèques ont une position neutre ou hostile" à l'égard de cette démonstration de force et "seule une petite partie de la population est favorable au passage du convoi", a ajouté M.Carnogursky.
Dana Feminova, membre du Mouvement humanitaire tchèque et de l'ONG "Monde sans guerre", a l'intention de protester samedi contre l'arrivée du convoi. "Nous participerons à cette manifestation, parce que nous préconisons le règlement pacifique des problèmes internationaux. Nous considérons que les manœuvres militaires de l'Otan en Europe de l'Est ne contribuent pas à la détente. Cette démarche nous semble provocatrice.
Selon Mme Feminova, "les Américains, qui souhaitent montrer leur puissance militaire aux Tchèques, ne font que raviver les souvenirs de l'invasion hitlérienne de 1939 et de l'arrivée des troupes du bloc de Varsovie en Tchécoslovaquie en 1968 (…). Le peuple l'a considéré comme une occupation. Il est irréfléchi et insultant de le répéter dans la république tchèque. Le gouvernement n'avait pas le droit de l'accepter sans demander le parlement. C'est une erreur qui est plus grave qu'un crime".
D'autre part, il y a des Tchèques qui saluent l'arrivée des blindés de l'Otan par crainte qu'on ne les soupçonne de sympathiser avec Moscou. "Je crains que ces actions de protestation ne fassent penser que notre pays s'est rangé du côté de la Russie", a indiqué un Tchèque, Pavel Safr, au journal Wall Street Journal. M.Safr et ses amis comptent saluer les soldats de l'Otan par des pancartes indiquant "Hi, Friends!" et organiser une manifestation à la frontière tchéco-allemande pour inviter les soldats à rester sur le sol tchèque.
Laisser passer le convoi par le territoire tchèque "est la moindre chose que nous pouvons faire pour nos alliés", a indiqué le ministre tchèque de la Défense Martin Stropnický à WSJ.