Le conflit ukrainien et le rôle joué par la Russie figuraient parmi les thèmes principaux de la Conférence internationale sur la non-prolifération des armes nucléaires organisée par la fondation Carnegie. Cet événement, qui a réuni plus de 800 diplomates, militaires et experts de 42 pays, est lié à la future conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ces conférences se déroulent tous les cinq ans et sont l'un des piliers du régime de non-prolifération. Selon certains experts occidentaux, les actions de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine portent atteinte à deux points clés du TNP: tout État non doté d'armes nucléaires s'engage à ne pas chercher à en acquérir; les États qui en disposent s'engagent à poursuivre le désarmement.
La majeure partie des délégués pense qu'à l'heure actuelle la poursuite de la réduction des armements est impossible. Plus de 40% des participants à la conférence ont admis que d'ici deux ans la Russie ou les USA pourraient sortir des principaux accords concernant le contrôle des armements — le Traité de réduction des armes stratégiques START-3 ou le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).
C'est le second texte qui préoccupe tout particulièrement les experts. La Russie et les USA s'accusent mutuellement d'enfreindre cet accord de 1987, premier document sur la liquidation d'une classe entière d'armements — les missiles lancés depuis le sol d'une portée comprise entre 500 et 5 500 km.
Alexeï Arbatov, directeur du Centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO), explique que ce type d'inspections nécessite de nouvelles négociations. "Et la Russie avancera ses conditions: en échange d'accorder aux Américains le droit d'inspection elle pourrait exiger d'inspecter tous les systèmes de lancement du bouclier antimissile (ABM) en Roumanie et en Pologne", suppose l'expert. Et d'ajouter: "Je ne pense pas que l'Occident acceptera facilement ces conditions".