C'est pourquoi Washington s'est ouvertement ingéré dans la lutte préélectorale sur l'île, du côté du gouvernement. L'ex-chef de l'ambassade non-officielle des USA a exigé que le Parti démocrate progressiste (PDP) d'opposition respecte l'accord de 1992 sur le statut de Taïwan avec Pékin. Le PDP, dont le candidat pourrait remporter l'élection présidentielle, critique justement ce texte. Pékin menace d'employer la force si Taipei proclamait son indépendance. La Maison blanche craint d'être impliquée dans ce conflit.
La situation dans le détroit de Taïwan est actuellement calme mais le conflit entre les deux parties est gelé, pas réglé. La Chine considère l'île comme sa province séparée et a déclaré à plusieurs reprises qu'elle pourrait faire usage de la force si Taïwan proclamait son indépendance. Le 4 mars, le président chinois Xi Jinping a confirmé cette position de Pékin.
Dans cette atmosphère tendue à l'approche de l'élection, la reconnaissance de l'accord de 1992 commence à jouer un rôle clé. Ce texte, signé par les représentants semi-officiels des deux parties, stipule qu'il n'existe qu'une seule Chine. Mais chacune des parties avançait sa propre interprétation. En ignorant les avertissements de Pékin, la leader de l'opposition déclarait que ce consensus ne représentait qu'une bonne intention de Kuomintang. Alors que la Chine ne l'a pas officiellement reconnu.
On ignore si Tsai Ing-wen a entendu les recommandations américaines. Quoi qu'il en soit, elle a promis, sans évoquer directement le texte de 1992, que son parti travaillerait pour préserver le statu quo entre Taïwan et le continent en cas de victoire à l'élection. Cette affirmation est peu susceptible, à elle seule, de satisfaire Pékin.