Les dirigeants de l'UE et les chefs de la diplomatie européenne se demandent encore s'il faut prolonger ou durcir les sanctions décrétées contre Moscou, mais ne parviennent pas à se mettre d'accord.
Les dirigeants européens auront beaucoup de mal à s'entendre sur le sort des sanctions économiques qui expirent en juillet, incluant l'interdiction de financer les banques russes, les entreprises de l'armement et les compagnies pétrolières, ainsi que de fournir des équipements aux raffineries et aux compagnies qui fabriquent des produits à double usage (c'est-à-dire à la fois civil et militaire).
Repousser la date de fin des sanctions nécessite l'accord unanime des 28 pays membres de l'UE. Or ces derniers sont divisés. "Les États membres de l'UE affichent ouvertement une divergence de points de vue et intérêts. Il n'y a pas de politique étrangère commune aux 28 pays", a reconnu à la veille du sommet le président du Conseil européen Donald Tusk.
Les pays baltes, le Royaume-Uni, le Danemark, la Pologne et la Suède poursuivent une ligne intransigeante vis-à-vis de la Russie, insistant sur l'élargissement et la prolongation des restrictions, tandis que l'Autriche, la Hongrie, la Grèce, l'Espagne, l'Italie, Chypre et la Slovaquie ont adopté une position opposée. En particulier, comme le rapporte Bloomberg, le président chypriote Nicos Anastasiades et le premier ministre italien Matteo Renzi, qui se sont récemment rendus à Moscou, prônent l'assouplissement des sanctions. Le premier ministre grec Alexis Tsipras, qui rencontra des dirigeants russes début avril, est du même avis.
Selon une source européenne anonyme haut placée, Donald Tusk a préparé pour le sommet une proposition pour conditionner les sanctions à l'accomplissement intégral des
accords de Minsk (Minsk 2). Il a confirmé que les positions des États divergeaient concernant les mesures, et Tusk veut trouver une solution qui conviendrait à tout le monde. Le président du Conseil européen a consulté notamment le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, tous deux participants à Minsk 2. Selon lui, la version qui pourrait convenir à tous serait le maintien des sanctions contre la Russie jusqu'à la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk.
Olga Potemkina, chef du département des problèmes de l'intégration européenne à l'Institut de l'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie, a déclaré qu'à en juger par le brouillon du document final du sommet, l'annulation des sanctions n'est pas à l'ordre du jour. "Mais les opposants au durcissement des sanctions contre la Russie sont de plus en plus nombreux en UE. Si la Grèce s'était levée seule, fin janvier, contre la prolongation des sanctions contre des personnes physiques, le camp de l'opposition compte désormais au moins sept pays. Des rumeurs circulent même à Bruxelles selon lesquelles Merkel et Hollande ne sont plus du même côté des barricades", explique l'experte.
D'après elle, deux possibilités s'offrent aux dirigeants européens: soit ils annonceront le prolongement des sanctions sectorielles à l'issue du sommet, soit ils prendront cette décision au prochain sommet prévu en juin. "Je pense que Bruxelles attendra jusqu'en juin. Les opposants aux sanctions avertissent: la trêve dans le Donbass est si fragile que l'annonce de la prolongation des sanctions pourrait aggraver la situation. Et lorsque l'UE ne parvient pas à trouver un consensus, elle reporte généralement la décision le plus possible", conclut Olga Potemkina.