Elle est surtout renommée pour ses 32 millions d'hectares de terres fertiles composées de vastes terrains de riche terre noire (26% du tchernoziom mondial), ce qui la rend particulièrement attractive pour des fabricants comme Monsanto et Dupont.
Aujourd'hui, des entreprises agricoles étrangères contrôlent déjà plus de la moitié des terres ukrainiennes. Rien n'est plus simple avec un système de leasing pour une durée de 50 ans permettant de contourner le moratoire sur la vente de terres ukrainiennes jusqu'en 2016.
« Il va sans dire que l'Occident considère l'Ukraine comme un marché important. Et je pense que ce que fait M. Porochenko dans le contexte du problème des OGM et de la signature de l'accord avec l'UE n'est autre chose qu'un crime contre son peuple. Parce que je doute fort qu'au moment de la signature de l'accord avec l'UE, les Ukrainiens comprenaient que leur pays était destiné à devenir une plantation des OGM. Si nous prenons la situation en Union européenne, nous verrons que là, une seule espèce du maïs génétiquement modifié MON 810 est semée. Ce maïs n'est cultivé que dans quatre pays et en quantités très réduites. Au fond, l'UE s'est placée à l'abri des OGM. Mais l'Ukraine se trouve sous la pression de l'Amérique. Nous savons que la Banque mondiale a conditionné l'octroi des crédits à l'Ukraine par l'extension de sa coopération en matière de biotechnologies. De cette façon, l'Europe se protège contre les OGM, tandis que l'Ukraine a été laissée à la merci des Etats-Unis qui la transformeront en un polygone. Si nous prenons les données publiées par des sources ouvertes, ce qui exclut toute théorie de conspiration, nous constatons que la société Monsanto, ce géant biotechnologique, a commencé à investir l'année dernière 140 millions de dollars dans la construction d'une usine en Ukraine, dans la région de Vinnitsa.
L'emprise de Monsanto va croissant. En 2013, l'entreprise a déjà investi 140 millions de dollars pour augmenter le potentiel de production en Ukraine. La BERD, à son tour, élargit l'octroi de crédits aux entreprises agricoles désireuses d'acheter des terres ukrainiennes. Ainsi, Alfred C. Toepher International a bénéficié d'une aide de 60 millions de dollars pour doubler son fief de 50 à 100 milles hectares en Ukraine. S'y ajoutent les crédits du FMI, dont le dernier, de 17 milliards de dollars, pourrait être octroyé en échange de réformes « libérales ». On a l'impression que l'Union européenne et les Etats-Unis œuvrent main dans la main pour s'emparer des terres ukrainiennes.
« Mais ce n'est pas un cadeau, les crédits doivent être remboursés, rappelle notre expert réputé. Quand la Russie a proposé à l'Ukraine un crédit de 15 milliards de dollars à l'époque de Ianoukovitch, elle a posé la condition de ne pas adhérer à l'UE. Les craintes de la Russie en ce sens étaient tout à fait fondées. Mais la Russie n'a pas demandé d'ouvrir le marché, de modifier la structure d'une telle ou telle branche. Il était plutôt question d'un accord tripartite Russie-Ukraine-UE et les conditions étaient suffisamment transparentes et compréhensibles. Aujourd'hui, l'attitude des Etats-Unis est différente.
L'Ukraine est devenue l'otage de la situation. Ravagée par une guerre civile, elle a raté le moment pour empêcher le contrôle de ses richesses agricoles par le trio Etats-Unis-Union européenne-OTAN. Pour la même triste raison, elle n'a pas de mouvement anti OGM qui remettrait en question les risques liés à la sécurité biologique. Sans parler de la pollinisation croisée entre champs OGM et champs sans OGM, ce qui pose un problème autant pour la Russie que pour l'Europe en général. Comme si quelqu'un était intéressé à faire durer la guerre dans le Sud-Est de l'Ukraine pour asservir le pays et, plus largement, ses voisins proches et lointains.