Chroniques du racisme antirusse ordinaire

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Le ci-devant Colombani n’aime vraiment pas les Russes. Il en a donné un nouvel exemple dans la tribune qu’il écrit pour le quotidien gratuit Direct Matin, tribune reprise sur internet dans Slate.fr où le ci-devant, qui en est aussi le directeur de publication, officie aussi.

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Qu'il n'aime pas la politique actuelle de la Russie ni son gouvernement passe encore. Nous sommes en démocratie me semble-t-il. Il est vrai que le ci-devant Colombani a déjà eu tendance à l'oublier; que l'on se rappelle ses articles dans le Monde à la suite du rejet par le peuple français du projet de traité constitutionnel en 2005. Alors, on peut penser que, comme quelques autres, il a eu ses fonctions cérébrales légèrement perturbées par un abus de nourriture aux hormones américaines, ou encore un abus de poulet au chlore et à la pénicilline, comme on nous les prépare dans le cadre du fameux "Traité Transatlantique" ou TTIP dont, nous n'en doutons point, le ci-devant Colombani est certainement un grand partisan. Mais, il faut le répéter, nous sommes en démocratie. Le débat sur les positions politiques des uns et des autres est ouvert, et libre. Sauf que ce n'est pas le sujet de sa tribune du jeudi 12 mars. Cette dernière porte le titre "Heureux qui, comme un Russe… ". Et, c'est un exemple frappant et instructif du racisme antirusse, qui inspire ces élites auxquelles le ci-devant appartient, qu'il nous délivre à cette occasion.

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Le bonheur ne s'achète pas

Le ci-devant Colombani découvre donc qu'il y a des Russes heureux. Et cela semble beaucoup le chagriner. Il écrit donc "Selon un sondage publié fin février par VTsIOM, institut russe d'études d'opinion publique, la part des personnes heureuses en Russie est en hausse: 52% contre 44% en décembre 2014. Malgré les sanctions contre le pays et la récente dévaluation du rouble, tout irait donc bien pour les Russes. Pour l'économiste Siméon Djankov, cette joie de vivre est difficilement conciliable avec certains faits qu'il rappelle sur le blog du Peterson Institute for International Economics". Cette progression de gens se déclarant heureux l'effraie. Elle lui semble incompatible avec les effets des "sanctions" occidentales.
Mais, c'est en réalité très compréhensible. Le ci-devant ne conçoit pas le bonheur en dehors des choses matérielles. Pour lui, ce n'est qu'une valeur comptable. Que, dans la notion du bonheur il puisse y avoir celle de la fierté nationale, de la dignité retrouvée, lui est à tout plein incompréhensible. Que le bonheur individuel participe d'émotions collectives, comme celles qu'ont éprouvées les Russes à l'occasion du rattachement de la Crimée à la Russie lui est inconcevable. Il est bien ce produit de la bourgeoisie dont Marx et Engels disait, dans le Manifeste du Parti communiste, qu'elle "… a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange". Voilà pourquoi il ne peut concevoir que, dans un pays où il y a des difficultés économiques, les gens puissent se sentir plus heureux. Non, il n'y a là aucune "dissonance cognitive". Car, le ci-devant Colombani n'est pas à court d'une explication. Il ne la formule pas lui-même. Le ci-devant à des pudeurs de jeune fille d'un autre temps. Il préfère laisser la parole à d'autres, se réfugier derrière ce qu'il considère comme un "avis autorisé", celui de Siméon Djankov auquel il fait dire: "Je ne peux penser qu'à deux explications possibles de cette apparente dissonance cognitive. Premièrement, la majorité des Russes aiment souffrir: quand les temps deviennent durs, ils se sentent plus gais. Deuxièmement, les personnes interrogées ont peur de donner la véritable réponse puisque la paranoïa à l'égard de l'Etat omniprésent a rapidement augmenté". Ah, que ces pratiques sont belles de la part d'un journaliste si éminent. Il ne dit pas ce qu'il pense vraiment: les Russes aiment souffrir et sont tenus par la peur. Non, il le suggère par le biais d'une citation d'autrui. Mais, on se rend bien compte que ceci ne fait que traduire ce que le ci-devant Colombani pense. Et cette pensée est tout simplement raciste.

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Le racisme antirusse en action

On se souvient de ce discours du XIXème siècle qu'avaient repris une partie de l'élite blanche sud-africaine: les Noirs ont une gaine qui entoure leurs nerfs et qui fait qu'ils ressentent moins la douleur. D'où cette conclusion: on peut fouetter ces Noirs, car ils ne sentent rien ou si peu…Et bien nous avons ici une autre forme de ce même racisme: "les Russes aiment souffrir". Donc, il n'est pas étonnant que plus nous (les Occidentaux) nous leur faisons "mal" avec les sanctions, et plus ils soient heureux. On ne sait trop si, devant tant de stupidité, il faut rire ou bien pleurer.

Le stéréotype s'affiche dans sa bêtise crasse. S'il était un journaliste honnête, il aurait pu —et il aurait dû — regarder d'autres sondages, interroger d'autres personnes connaissant la Russie, bref trouver d'autres sources que quelques idéologues américains. Mais, cela fait des années, et les anciens lecteurs du Monde ne le savent que trop, que le ci-devant Colombani a abdiqué toute prétention et au journalisme et à l'honnêteté intellectuelle. Il n'est plus qu'un idéologue comme un autre. Il reprend à leur sources tous ces préjugés qui existent depuis maintenant près de deux siècles quant aux russes, il les recycle pour leur donner une forme plus acceptable, mais le fond est toujours le même: les Russes sont des barbares, des êtres primitifs qui "aiment souffrir" quand ils ne sont pas terrorisés par le pouvoir.

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Pourtant, la Russie a donné quelques leçons depuis deux siècles qu'elle a produit une civilisation, certes différente, mais comparable à celle de l'Europe occidentale. Que ce soit dans les arts ou dans les techniques, on ne compte plus les apports de la Russie. Pourtant, tout ceci est systématiquement nié, et l'image de la Russie qui est véhiculée par ces idéologues à gages est toujours celle d'un monde primitif et brutal. Il y a donc beaucoup de racisme dans cela, mais il y a aussi une idéologie meurtrière, comme un appel à la guerre. Rappelons-nous ce que les nazis disaient des Slaves: des untermensch, des sous-hommes. On ne sait que trop où ceci conduisit, et les horreurs sans nom de la guerre d'extermination que les nazis (et leurs alliés) conduisirent contre les peuples de l'URSS. Mais on oublie parfois de rappeler où tout ceci s'arrêta: les dits sous-hommes infligèrent aux nazis des défaites sanglantes et prirent Berlin. Le ci-devant Colombani devrait s'en souvenir, ou alors il s'expose à finir comme d'autres ci-devant.


Voir Le Monde, 31 mai 2005.
Colombani J-M, "Heureux qui, comme un Russe", publié dans Direct Matin, n° 1653, 12 mars 2015.

 

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