Nous sommes tous habitués à la variété des destinations touristiques accessibles aux voyageurs de nos jours: du ski alpin en Autriche et en France aux plages de la côte de la Thaïlande en passant par le Vietnam, le Cambodge et la Méditerranée. Cependant, des méga-projets touristiques voient le jour régulièrement dans des pays plus surprenants. Peu de gens savent que "la station de ski la plus exotique au monde" a été ouverte en Corée du Nord au début de l'année dernière. Après une inauguration grandiose en présence de délégations étrangères, ces installations n'attirent pas de grands flux touristiques et se transforment en lieux de séminaires des représentants des élites nationales et de rares aventuriers aisés des pays développés. Rappelons-nous quelques destinations de vacances pour les amateurs exigeants d'exotisme.
"Avaza", Turkménistan
Coût du projet: 5 milliards de dollars
La zone de villégiature turkmène Avaza a fait beaucoup de bruit au moment de sa construction. L'un des épisodes les plus marquants fut la performance de Jennifer Lopez lors de l'inauguration du yacht-club local, où elle a chanté de manière très chaleureuse "Happy Birthday" au président de la République, Gurbanguly Berdimuhamedow, presque comme Monroe pour Kennedy en 1962.
Le projet a coûté près de 5 milliards de dollars. À titre de comparaison, aux Émirats arabes unis, cette somme aurait largement suffi pour construire un énorme hôtel et deux ou trois Burj Khalifa. Malgré ce budget colossal, Avaza n'est pas devenue la nouvelle Dubaï, malgré l'air chic des hôtels locaux qui reçoivent de temps en temps différents forums politiques et économiques. Le Turkménistan étant un État assez fermé et très peu médiatisé, les monuments locaux de l'héritage culturel et historique n'assurent pas de grand flux de touristes. Le segment touristique y est donc très faible.
Corinthia Hotel Khartoum. Soudan
Coût du projet: 80 millions d'euros
Au Soudan, il y sûrement des choses à voir. À commencer par les anciennes pyramides nubiennes à Méroé, où elles sont presque plus nombreuses qu'en Égypte. Mais les touristes sont absents de ce pays: une série de conflits intérieurs violents et les sanctions internationales ont joué leur rôle.
Malgré tout, un imposant hôtel cinq étoiles de la chaîne maltaise Corinthia se dresse au centre de Khartoum, la capitale soudanaise. Sa construction a commencé à la fin des années 1990 à l'initiative du leader libyen Mouammar Kadhafi, l'un des alliés indéfectibles du Soudan. La construction a coûté 80 millions d'euros et en 2008, l'hôtel a été officiellement ouvert. Le bâtiment, surnommé "l'œuf de Kadhafi", devait rappeler, d'après sa conception, une voile gonflée, le projet étant inspiré par le Burj al-Arab de Dubaï. Une chambre à l'hôtel coûte en moyenne autour de 300 dollars par nuit, donc si, par les caprices du sort, vous vous trouvez au Soudan, pensez bien à avoir une petite valise de cash car les cartes ne fonctionnent pas ici, et une succursale d'une banque occidentale ne peut être trouvée qu'en Égypte voisine. En ce moment, les principaux clients de l'hôtel sont les hommes d'affaires venant à Khartoum pour négocier.
Masikryong. Corée du Nord
Coût du projet: inconnu
La Corée du Nord semble prendre le secteur des loisirs très au sérieux: ces dernières années, le parc populaire d'attractions de Runga à Pyongyang a été réaménagé et doté du premier cinéma 4D du pays. En octobre 2014 a été ouvert un énorme parc aquatique à Munsu. Et maintenant, la Corée du Nord possède également une station de ski dont le projet a été probablement inspiré par les souvenirs du leader nord-coréen de ses années scolaires passées en Suisse.
La première station de ski nord-coréenne, Masikryong, ouverte l'année dernière, occupe un territoire de 1400 hectares, dispose de plus de 100 km de pistes, d'un hôtel de luxe et de plusieurs restaurants. C'est le seul projet de ce genre dans tout le pays, réalisé en un temps record — en seulement 10 mois.
Le leader de la Corée du Nord s'est rendu personnellement sur le site et a même pris la remontée mécanique qui est une vraie petite victoire pour les Nord-Coréens. Les producteurs européens ont refusé de soutenir le projet nord-coréen en le qualifiant de "propagande", et ce genre d'équipement n'est pas produit dans le pays. Cependant, la remontée est là — peut-être, les techniciens nord-coréens ont-ils développé leur propre projet, ou bien acheté toutes les technologies nécessaires à la Chine voisine.
Plusieurs campagnes de grande envergure ont été lancées pour attirer les touristes, nationaux comme étrangers, y compris les touristes russes qui se voient proposer par une agence de voyage nord-coréenne spéciale des offres forfaitaires de ski. La question du climat dans la région reste ouverte: Aram Pan, photographe du Singapour, a visité la station en octobre, mais n'as pas vu de neige.
Dahlak Island Resort. Érythrée
Coût du projet: 100 millions USD
L'Érythrée est un pays avec un des régimes les plus répressifs en Afrique. Le chef de l'État Issayas Afewerki qui reste au pouvoir depuis la séparation du pays de l'Ethiopie, a aboli les élections présidentielles en 2001 et a interdit la création des partis politiques et des médias indépendants. D'ailleurs, cela n'empêche pas du tout de lancer des campagnes touristiques de grande envergure dans le pays.
En 2007, sur un petit archipel désert des Dahlak dans la mer Rouge, a été commencée la construction d'un complexe hôtelier comprenant des villas et des bungalows de luxe. Le complexe est construit avec le soutien direct du Qatar. Selon les estimations préliminaires, son coût total s'élévera à près de 100 millions de dollars. Selon la conception des initiateurs de ce projet, l'archipel érythréen sera transformé en une destination touristique populaire qui dépassera même Charm el-Cheikh égyptien.
Korek Mountain Resort. Irak
Coût du projet: 95 millions USD
Une autre nouvelle destination touristique — le Kurdistan irakien. Là aussi, une station de ski a ouvert ses portes. Les Kurdes ont d'énormes attentes concernant ce nouveau projet qui a demandé plus de 95 millions de dollars d'investissements. La station est conçue pour stimuler le flux d'argent dans la région et ainsi augmenter son indépendance de Bagdad. Même la campagne publicitaire ici est basée sur les slogans du genre: "Le Kurdistan n'est pas l'Irak. Chez nous il n'y a pas de danger". L'image est un peu gâchée par les militants de l'EIIL qui contrôlent la moitié du territoire de l'Irak.
Le pays avait déjà des stations de ski avant. Une d'entre elles, par exemple, a été ouverte à l'initiative d'un enthousiaste basque qui a décidé de transformer le Kurdistan en de nouveaux Pyrénées. Cependant, le complexe sur le mont Korek est la première station de ski à part entière, avec des remontées mécaniques, 2 pistes (pour les novices et les plus avancés) et des cafés qui servent des kebabs. La campagne de marketing a coûté au gouvernement du Kurdistan 3 millions de dollars et ciblait principalement les États-Unis, l'Europe et la Turquie. Cependant, les Kurdes mettent leur principal espoir dans les touristes des pays arabes pour lesquels les montagnes irakiennes enneigées deviendront, peut-être, une excellente alternative des vacances en Oman ou en Jordanie