Toutefois, tous les grands partis politiques du pays ont déjà annoncé leur réticence à former une coalition dirigeante avec les centristes. Ainsi, l'Estonie pourrait reproduire le modèle letton — un parti prorusse remporte les élections mais est condamné à rester dans l'opposition.
Comme l'a déclaré hier la Commission électorale républicaine, 33% des électeurs ont déjà voté. Elle constate cette année une participation record au vote anticipé, qui peut être accompli dans les bureaux de vote, sur internet et même via une application mobile spéciale.
Selon le dernier sondage de Turu-uuringuite AS réalisé à la demande de la compagnie de radio-télévision nationale estonienne ERR, les élections législatives pourraient être remportées par le Parti centriste. 27% des électeurs se sont dits prêts à voter pour ce parti — pratiquement toute la population russophone soutient traditionnellement les centristes —, 22% pour le Parti de la réforme au pouvoir, suivi du Parti social-démocrate avec 18% d'intentions de vote.
Comme la confirmé le président estonien Toomas Hendrik Ilves en prévision du vote, le parti vainqueur sera le premier à pouvoir constituer le gouvernement. Cependant, même en cas de victoire du parti centriste, son passage de l'opposition au pouvoir n'est pas garanti.
Premièrement, les dirigeants d'autres partis ont préalablement annoncé qu'ils refusaient de former une coalition avec ces derniers.
Deuxièmement, après les législatives, le président Ilves pourrait se souvenir de sa promesse de "ne pas laisser entrer le Parti centriste au gouvernement" tant que sa direction ne change pas. Il s'était exprimé ainsi en 2010 après un grand scandale entourant le leader inchangé des centristes, le maire de Tallinn, Edgar Savisaar.
Ainsi, le vote estonien pourrait déboucher sur le même résultat qu'en Lettonie l'automne dernier. La victoire avait été remportée par le parti Harmonie, orienté sur la population russophone et dirigé par le maire de Riga Nils Usakovs, mais le gouvernement avait été finalement formé par ses adversaires.