Hier, les forces aériennes égyptiennes ont lancé des frappes sur le territoire du pays, un jour après que la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, a déclaré que le gouvernement italien comptait faire appel à l'Onu pour organiser une intervention en Libye et défaire les djihadistes, qui renforcent de plus en plus leurs positions dans ce pays. Ironiquement, les Européens entendent détruire ceux qui, avec leur soutien, ont fait tomber le régime de Mouammar Kadhafi il y a trois ans.
Pour l'instant, on ne sait pas comment cette intention de Rome sera accueillie par ses alliés de l'Otan mais l'Italie est prête à combattre les djihadistes seule, comme l'a laissé entendre Roberta Pinotti. Cependant, d'après elle, une telle option reste non désirable: "Il est préférable que les actions militaires soient menées par la coalition internationale avec la même composition qui a renversé Kadhafi", estime-t-elle. "Nous sommes très préoccupés par la situation dans ce pays, qui peut encore se détériorer, a déclaré la ministre dans une interview au journal Il Messaggero. L'équipement, les plans et d'autres détails seront convenus avec nos alliés en fonction des conditions du mandat que l'Onu nous donnera".
Les coptes ont été tués après que les troupes de l'organisation djihadiste "L'État de Tripoli" (ET), dont le noyau est constitué des vétérans de la lutte contre le régime de Kadhafi, se sont emparées de la ville de Syrte. Entre autres, elles ont pris la station radiophonique de la ville, sur laquelle ils diffusent désormais les discours du leader de l'État islamique Abou Bakr al-Baghdadi et ses collaborateurs. Les combattants de l'ET se considèrent comme faisant partie de ce groupe et planifient une campagne vers Misrata, la troisième plus grande ville du pays. Pour l'instant, ET s'est installée à Syrte. Ses membres ont hissé les drapeaux noirs de l'État islamique sur les instituions gouvernementales et ont même organisé une "repentance de masse" sur la place principale de la ville: sous la menace des armes, 42 fonctionnaires locaux ont été publiquement forcés de demander pardon pour "corruption" et "négligence des besoins du peuple".
Pour l'instant le gouvernement libyen reconnu par l'Onu, auquel sont soumis les fonctionnaires repentants, perd clairement la guerre contre les nombreux groupes tribaux et rebelles qui ont envahi le pays. Ce gouvernement ne se trouve d'ailleurs pas à Tripoli, mais à plus de 1500 km à l'est, dans le port de Tobrouk. Le cabinet des ministres et le parlement ont dû fuir la capitale après que celle-ci a été prise pas l'organisation islamiste "Aube de la Libye". Les islamistes ont créé dans la ville leurs propres gouvernement et parlement.
Le fait que les Italiens aient suggéré les premiers la nécessité d'une intervention militaire n'est pas un hasard: le pays est séparé de Libye par un seul détroit. Et les projets des djihadistes sont vastes. Comme on peut le voir dans la vidéo de l'exécution des coptes, le représentant de l'ET fait en effet un geste vers le nord et dit: "Nous allons conquérir Rome, si Dieu le veut, Inch'Allah!"