Au moment du coup d’État à Kiev en février 2014 les "Américains avaient déjà rayé" la Russie de la "liste de ses concurrents géopolitiques". La principale tâche de la politique étrangère américaine, étant d'empêcher la contestation de l'hégémonie des USA sur la planète, écrit le journaliste russe Vitali Tretiakov dans l'hebdomadaire Voyennoïe Obozrenie (revue militaire).
Les concurrents géopolitiques de Moscou ont utilisé la réunification de la Crimée avec la Russie comme prétexte pour défendre les intérêts de l'Amérique, ce qui est le "travail" du président américain. "Notre président fait exactement le même travail", déclare l'expert.
Selon Tretiakov, la Russie fait partie des États les plus avancés de la planète. Le niveau de vie ou le taux de change "peuvent varier, mais tout cela est temporaire". "Dans l'ensemble, à l'échelle historique générale un État qui existe depuis mille an et qui, depuis 1480 et l'achèvement du joug mongol, n'a jamais perdu son indépendance, ne peut être qu'abouti", note l'analyste.
D'après l'expert, "le débat pour savoir qui sera président n'a pas eu lieu entre le peuple ukrainien et Washington, mais entre Berlin et Washington". Le peuple ukrainien n'a aucune importance: "Tout est maîtrisé depuis longtemps. Même à l'époque de Ianoukovitch (sans parler d'autres présidents ukrainiens), malgré le statut de non-aligné, l'Otan organisait constamment des exercices sur le territoire ukrainien".
Quelle est la position de l'Europe dans ce conflit avec la Russie?
Une bataille politique est en cours en Europe et les positions divergent. Par exemple en Allemagne, Merkel fait partie de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), alors que Gabriel et Steinmeier est membre du Parti social-démocrate (SPD).
"Je peux prouver que tout se terminera pas l'éclatement de l'Ukraine — certains experts européens parmi les politiciens à la retraite en parlent ouvertement. Selon eux, il fallait intégrer l'Ukraine à l'Otan habilement, progressivement, au lieu de faire un pas de géant, ce qui a fait échouer le projet. Mais est-ce que les politiciens au pouvoir, les auteurs de ce projet – Merkel, Hollande ou Obama – le reconnaîtront? Certainement pas. S'ils le faisaient, leurs partis connaîtraient une défaite cuisante aux prochaines élections. Imaginez ce que leur répondraient leurs collaborateurs? "Non seulement tu as raté ton coup, mais en plus tu l'as reconnu publiquement. Es-tu stupide? Qui a besoin de ta stupide franchise?" C'est pourquoi un politicien en activité ne peut pas publiquement reconnaître ses erreurs."
Selon le journaliste russe, "les politiciens et les oligarques européens, c'est-à-dire ceux qui possèdent vraiment l'Europe et ses richesses, ont compris que le projet de l'UE touchait à sa fin". Cependant, "ils ne peuvent pas le reconnaître publiquement et commencent progressivement à la démanteler". En outre, les leaders du projet ont besoin de "maintenir l'ordre paneuropéen au cours du démantèlement". C'est également dans l'intérêt des Américains.
"La position intransigeante de Merkel à l'égard de la Russie ne s'explique pas uniquement par le fait que les renseignements américains écoutent ses conversations et recueillent des informations compromettantes sur elle. Mais aussi par le fait que l'Amérique a choisi Berlin pour garantir la stabilité dans une UE qui s'effondre. La carcasse militaro-politique – l'Otan — travaillera à son profit, et il détiendra des leviers financiers paneuropéens."
Quant à la situation dans l'Est de l'Ukraine, les "accusations braillardes de la Russie" font partie des manœuvres de diversion, sont un "camouflage" pratique pour les politiciens occidentaux. "Derrière ces cris on peut tranquillement mettre en œuvre ses plans sans que le grand public soit au courant", explique le journaliste. Sinon, la presse se demanderait: que se passe-t-il avec l'UE?
Pendant ce temps, la Russie se relève: "Je me souviens de ma jeunesse, le sentiment d'appartenance à une grande puissance – l'URSS. Celui d'une conviction sereine dans ses propres forces et dans l'avenir. Puis la crise est arrivée. Des crises politiques se produisent dans le monde tous les 10-15 ans, et des crises plus profondes – tous les 50-75 ans. Aujourd'hui nous nous trouvons dans une "zone de turbulence" et nous sommes loin de la fin de la période d'essai. Mais nous sommes déjà sur une pente ascendante, sur la trajectoire du recouvrement de l'indépendance à part entière de notre pays."
Selon Victor Tretiakov, la crise ukrainienne est devenue pratique pour cacher le début de l'éclatement de l'UE. Sachant que cette crise résulte des erreurs d'hommes politiques occidentaux, avant tout d'Obama et de Merkel. Leurs actes ont provoqué l'effusion de sang et la destruction en Ukraine. Mais après tout l'Occident est très cynique. Et il sait également fermer les yeux au bon moment.
L'Occident ne reconnaît jamais ses erreurs. Les politiciens ne font jamais dans l'autocritique! Indique l'expert. Si tous les pays de la planète étaient dirigés par des sages, comme le rêvait Platon en Grèce antique, la situation serait probablement différente. Mais les gouvernements sont dirigés par les protégés des "élites" et leur tâche consiste à inonder la planète de sang au nom de la "démocratie". Ils ne s'arrêteront pas même si l'Ukraine, dont la souveraineté et "l'intégrité" sont si chères à l'Occident, éclatait en morceaux. Tous les États dont le territoire a été frôlé par la botte d'un soldat ou celle d'un diplomate de l'Occident s'effondrent tôt ou tard. Il n'y a plus d'URSS, de Yougoslavie, le Soudan est divisé en deux parties, la Libye et l'Irak vacillent. Un sort peu enviable attend la Syrie. Et l'Ukraine ne fera pas exception.