Pourtant, c'est bien dans cette ville industrielle située à seulement 17 km au nord de Donetsk que se situe la plus grande cokerie d'Europe avec une capacité moyenne de production estimée à 7-10 millions de tonnes de coke par an.
Pour en savoir plus, vous pouvez taper « Avdeevsky koksokhimitchesky zavod » dans n'importe quel moteur de recherche. On vous racontera au passage que ladite entreprise comptait près de 7000 salariés en 2007. Ce chiffre est passé à 4000 suite aux pilonnages massifs perpétrés dès juillet 2014.
Radio Sputnik. « Pourriez-vous nous raconter ce qui se passe à Avdeevka? Beaucoup évoquent une catastrophe humanitaire. Vous confirmez?
Ulia Andrienko. Avdeevka, c'est l'enfer. Les troupes ukrainiennes sont entrées dans la ville le 27 juillet 2014. Elles étaient épaulées par la Garde nationale. Depuis, la vie paisible et parfaitement prospère que nous menions jusqu'à nouvel ordre n'est plus qu'un doux rêve. Tout a commencé par des coupures d'eau puis d'électricité, récurrentes. Mon mari et mon fils allaient chercher de l'eau dans un puits en mettant parfois plus d'une heure pour faire l'aller-retour vu l'intensité des tirs. La situation s'est un peu améliorée vers septembre, on avait alors cru à un renouveau fragile. Mais voilà que depuis le 20 janvier il n'y a ni eau ni électricité. Il fait terriblement froid dans les appartements. La température moyenne n'y dépasse pas les 8-9 degrés. Il y a également des coupures partielles de gaz.
Commentaire de l'auteur: On se rappelle la sombre mascarade des services de presse ukrainiens se lamentant, d'une façon quelque peu sélective, sur le sort des morts de Volnovakha. Pas un présentateur du Journal qui ne se soit magiquement transformé en Volnovakha croyant être aussi convaincant que nos compatriotes répétant après certains chamanes « Charlie ». Or, n'est-ce pas le syndrome Charlie qui fait trop souvent oublier que toutes les vies se valent? Ceux qui prônent le devoir de mémoire en réécrivant l'Histoire sont ceux qui n'ont tiré aucune leçon des horreurs de l'Holocauste et des camps en général. Comme quoi, la vie est pleine de paradoxes. Entre-temps, il n'y a pas que le froid qui paralyse Avdeevka. Il y a aussi la faim. Voici ce qu'en dit Ulia Andrienko.
« Pendant un certain nombre de temps, nous bénéficions de l'aide humanitaire provenant du Fond Rinat Akhmetov. La cokerie distribuait également les réserves qui lui restaient et qui avant la guerre étaient destinées aux familles en situation précaire et aux handicapés. C'était le cas jusqu'au 15 janvier environ avant que le conflit ne connaisse une escalade sans précédent. Il ne reste presque plus aucun magasin, le seul qui soit encore moyennement fréquentable se trouve au sous-sol d'un immeuble. Le marché où nous allions faire jusqu'ici nos courses a été détruit la semaine dernière. Alors je me demande comment les gens font pour survivre… J'imagine qu'il leur reste des réserves de pâtes ou de riz. Les enfants — et Dieu sait s'il y en a encore dans la ville! — sont durement frappés de malnutrition. Malheureusement, dans les conditions présentes, il est extrêmement difficile de les évacuer (…) »
« Il faut ventiler par catégories. Il est vrai que beaucoup ont été désinformés par la propagande de Kiev. Il y a ce que j'appellerais des patriotes… à la noix leurrés par les va-t-en-guerre de la Rada qui leur ont raconté que le Donbass était inondé d'unités militaires russes ce qui est archi-faux! Mes camarades de classe, mes amis, un grand nombre de mes connaissances ont rejoint le front parce qu'ils ont été attaqués par nos frères slaves! Enfin, je ne sais plus vraiment aujourd'hui si ce sont nos frères. Un océan de sang nous sépare. Certes, il y en a qui ont été trompés, je n'ai nullement l'intention de le nier. Mais en même temps, n'oublions pas que beaucoup avaient conscience, dès le début, de participer à ce carnage. Certains d'entre eux expliquent leur engagement par le fait qu'on leur avait promis des appartements en plein centre de Donetsk par contraste avec la vie qu'ils mènent dans les campagnes profondes de l'Ukraine de l'Ouest. Saura-t-on leur pardonner un jour? Je ne crois pas ».
Commentaire de l'auteur. La Rédemption n'est pas de ce monde mais l'Histoire ne se fait pas sans le jugement des hommes. Au-delà des traces terribles que laisse le phosophore blanc sur les corps, au-delà des bombes à sous-munitions qui les déchirent en lambeaux, au-delà des enfants et des vieillards qui meurent de faim et de froid, il y a l'horreur du Mensonge. Les nazis ne cachaient pas leurs crimes. Hitler ne cachait pas son idéologie. C'est peut-être pour cela qu'ils n'ont pas pu récidiver pendant près de 70 ans. Depuis 2001, nous constatons le renouveau des mêmes théories mais sous de faux noms. Est-ce pour cela qu'elle sont si difficiles à déraciner?
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