Cette question est aussi à l'ordre du jour en raison du renouvellement des sanctions imposées par l'UE sur des personnalités russes le jeudi 29 janvier. Ce que certains ont vu cependant c'est l'incapacité des boutes-en-guerre (la Pologne et les Pays Baltes) d'imposer à l'UE une aggravation de ces santions. La Grèce, mais aussi la Hongrie, s'y sont opposées. Ont peut y voir le début d'un tournant. La raison reprend ses droits.
La question des sanctions
Les relation entre l'UE et la Russie sont d'une nature qui dépassent largement les événements de ces derniers jours. Leur dimension économique est centrale, que ce soit pour l'UE comme pour la Russie. Aujourd'hui, on sait que les différentes sanctions économiques et financières imposées par l'UE, en partie sur les ordres des Etats-Unis, vont couter environ 180-250 milliards de dollars à la Russie dans les trois ans à venir. Ces effets des sanctions, répartis sur les 3 prochaines années, peuvent se résumer ainsi:
— Absence de refinancement des entreprises pour 150-200 milliards de USD
— Absence d'Investissements Directs Etrangers: 30-50 milliards USD
— Réduction de la coopération industrielle: 20-30 milliards USD
— Réduction d'accès aux technologies avancées: 5-7 milliards USD
Cependant, ces sanctions financières auront aussi des conséquences pour les pays occidentaux. On peut estimer la perte sur les intérêts versés aux investisseurs occidentaux à 10 milliards de dollars par ans. Dans le domaine commercial, la perte pour les producteurs européens se monte à 30 milliards de USD par an. Un autre phénomène dont il faut tenir compte est le développement de substitutions aux importations, soit par la production interne (cela peut représenter de 7 à 13 milliards USD), soit par la recherche d'autres fournisseurs (en Asie) ce qui devrait représenter 20-22 milliards USD par an. Le total du coût pour les pays occidentaux devrait être de 37-45 milliards par an. A cela il faut ajouter une restriction de la demande qui ne sera pas compensée. On arrive ici à un total de 50-70 milliards par an. Ceci ne tient pas compte d'un effet multiplicateur (effet dits " de deuxième tour " portant sur les fournisseurs des entreprises exportant vers la Russie) résultant de l'interruption du commerce avec les pays occidentaux. Pour les pays de l'UE, ces effets résultant de l'impact indirect seraient de l'ordre de 180 milliards de dollars. Il faut ici distinguer les effets financiers (les intérêts) et les effets industriels. Les effets financiers seront sensibles essentiellement aux Etats-Unis; les effets industriels seront sensibles essentiellement dans l'UE. En fait, les sanctions, et les contre-sanctions prises par le gouvernement russe, pourraient coûter à l'UE entre 0,5% et 0,75% de croissance, et avoir un impact d'autant plus lourd sur les pays dont le commerce avec la Russie est très développé, c'est à dire l'Allemagne, l'Italie et la France. Dans cette situation, ne pas aggraver les sanctions était une priorité. Mais l'objectif doit être, à terme, de les démanteler.
Vers un cessez-le-feu?
Il faut aujourd'hui avoir le courage de dire qu'une victoire limitée des insurgés du Dobass offre en réalité les meilleures perspectives pour que l'on aboutisse, enfin, à un cessez le feu durable. Une fois la " poche " de Debaltsevo passée sous le contrôle des insurgés, il devient possible de penser à une ligne de cesser-le-feu continue. C'est pourquoi, la mise en œuvre d'un cessez-le-feu réel, appelé de leurs vœux par Mme Merkel et par François Hollande, passe par une défaite des forces de Kiev. Il faudra, ensuite, trouver un accord sur des forces d'interposition et, au-delà, sur une solution politique à ce conflit où déjà plus de 5000 civils ont péris et qui a provoqué des centaines de milliers de réfugiés, en grande partie en Russie.
Sur la base d'un cessez-le-feu qui soit réellement respecté, on pourra construire une véritable solution politique. Si la notion de " fédéralisation " de l'Ukraine est morte, on peut penser qu'un statut d'autonomie des régions de l'est de l'Ukraine au sein du pays, sur le modèle de la région autonome du Kurdistan en Irak, pourrait être possible. Mais, cette solution exigera des deux côtés beaucoup d'efforts.
Renouer les liens
Dans ce contexte, il apparaît essentiel de renouer les liens entre l'UE et la Russie. Il importe d'abord de ne pas rompre les liens qui subsistent, comme la coopération culturelle et scientifique. Il importe ensuite de reprendre les relations économiques en levant, progressivement, les sanctions de deux côtés. C'est le souhait de nombreux acteurs économiques des deux côtés. C'est le langage de la raison. Il convient de l'écouter.
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