Vendredi, la rencontre informelle entre Yanis Varoufakis et Jeroen Dijsselbloem avait laissé l'impression d'une rupture totale. La partie grecque avait annoncé qu'elle n'aurait plus aucune affaire avec ses trois créanciers et renoncerait à leur aide financière asservissante, "fondée sur une logique anti-européenne". Ces propos de Varoufakis ont visiblement enragé Dijsselbloem et l'entretien s'est terminé par une poignée de main nonchalante.
Le premier ministre grec Alexis Tsipras a pourtant rapidement assoupli ces tensions. Il s'est entretenu par téléphone avec le chef de la BCE Mario Draghi, le président du Parlement européen Martin Schutz et Jeroen Dijsselbloem. Les parties ont souligné la nécessité de poursuivre les négociations sans conflits.
Comme Berlin répète sans cesse qu'Athènes doit se soumettre volontairement aux conditions fixées, la diplomatie grecque dans le domaine du crédit porte un caractère manifestement anti-allemand. Alexis Tsipras tente de former un groupe d'alliés avant le sommet du 12 février pour être en mesure de promouvoir ses intérêts. Selon les observateurs, même la France et l'Italie, qui ont plus d'une fois montré leur mécontentement contre la politique de rigueur, ne soutiendront pas l'annulation d'une partie de la dette grecque — 323 milliards d'euros ou 175% du PIB — conformément aux propositions de la banque franco-américaine Lazard, conseillère du gouvernement grec. Cette dernière suggère d'effacer près de 100 milliards d'euros de dette et considère cette restructuration comme nécessaire et tout à fait réaliste. La partie grecque pourrait toutefois persuader ses alliés de soutenir une prolongation des délais de paiement ou une réduction des taux d'intérêt.
L'Europe évoque également une aide éventuelle russe à la Grèce. "Si le gouvernement russe recevait une telle demande, nous l'examinerions sans aucun doute mais nous prendrions en considération tous les aspects des relations bilatérales entre la Russie et la Grèce", a fait remarquer Anton Sikouanov, ministre russe des Finances. Les observateurs se demandent si la position de la Grèce pourrait être une monnaie d'échange dans le contexte des sanctions antirusses. Ce qui est encore plus intéressant compte tenu de ces propos du ministre russe de l'Agriculture Nikolaï Fedorov: "La Russie n'exclut pas la possibilité de lever son embargo alimentaire contre la Grèce si elle quittait la zone euro. Nous développerons des relations indépendantes avec la Grèce. En théorie, elle est pour nous un partenaire potentiel formidable".
Le délai de la partie européenne de l'aide expire le 28 février, et celui du FMI en mars 2016. Aujourd'hui, Athènes maintient ses banques à flot avec des obligations à court terme bien qu'il ait déjà dépassé la limite européenne des 15 milliards d'euros. Mais ces mesures sont loin d'être une panacée. Qui plus est, la Grèce a déjà entamé l'annulation de la politique de rigueur. Elle a notamment arrêté les privatisations et annoncé le rétablissement des milliers d'emplois supprimés dans le secteur public.