Même si elle perdrait tout de même au second tour, ces 29-30% d'intentions de vote sont un succès indéniable pour le FN.
Selon les résultats de deux sondages organisés par le CSA et l'Ifop, Marine Le Pen pourrait recueillir au premier tour 29-30% des voix, dépassant ainsi tout rival potentiel, notamment François Hollande (21%), l'ex-président Nicolas Sarkozy et le premier ministre socialiste Manuel Valls (23% chacun).
Mais c'est Marine Le Pen qui a tiré le plus grand "profit" des attentats de Paris. Son atout — personne au sein de l'extrême-droite ne peut contester son leadership, tandis que beaucoup de représentants de la gauche, de la droite et du centre comptent être sur la ligne de départ de la présidentielle.
Toutefois, les sondages permettent de tirer une autre conclusion: Marine Le Pen n'arrivera pas à devenir présidente. Au second tour, elle perdrait inéluctablement aussi bien face à Hollande (55%) que face à Sarkozy (60%) ou encore Manuel Valls (61%).
Mais Soumission n'est qu'un roman. Et les pronostics du CSA et de l'Ifop, fondés seulement sur le résultat de sondages, sont également une fiction. Après tout, il reste encore plus de deux ans avant la présidentielle. Mais une chose est sûre: quoi que fassent aujourd'hui les rivaux politiques de Marine Le Pen, la seule issue pour eux sera un rapprochement progressif avec le FN. Dans ce sens, les actions du gouvernement socialiste avec en tête un autre prétendant potentiel au poste présidentiel, Manuel Valls, sont révélatrices. Les autorités ont déjà augmenté le budget de la police, n'écartent pas la possibilité de revoir la réduction annoncée du budget de la défense, et sont prêtes à créer dans les prisons une "zone de régime particulier" pour les islamistes radicaux, à accorder davantage d'attention aux "problèmes des banlieues" et à combattre la "radicalisation religieuse à l'école". Avec ou sans Marine Le Pen, les idées du FN gagnent progressivement du terrain.