Technologies innovantes, écologie, et lutte contre le terrorisme. Voici les principaux domaines qui sont au centre des discussions pendant la visite du premier-ministre français Manuel Valls en Chine.
Le chef du gouvernement français ne s'est pas laissé distraire par l'accueil digne d'un chef d'Etat qui lui a été réservé. Il s'est attaqué directement au problème clé de sa visite: le rééquilibrage des relations commerciales entre la France et la Chine.
« Au cours de la dernière décennie, nos échanges ont augmenté en moyenne de 10% par an », a indiqué Manuel Valls lors d'une conférence de presse. « Mais vous le savez, cette relation demeure encore déséquilibrée, puisque nos importations de Chine représentent 2,5 fois nos exportations vers la Chine ».
« Les relations Chine-France et Chine-UE, sont très bonnes. En 2014, le volume commercial entre l'UE et la Chine s'est élevé à plus de 615 milliards de dollars, contre 555 milliards pour les Etats-Unis », explique dans un entretien accordé à Sputnik Vladimir Portiakov, le vice-directeur de l'Institut de l'Extrême-Orient sous l'égide de l'Académie des sciences de Russie. « Vu le bon climat des affaires, les deux côtés réussissent même à contourner l'embargo imposé sur la livraison des armes européennes en Chine pour certaines technologies à double usage ».
Concurrence avec l'Allemagne
Tous les facteurs semblent donc réunis pour que la France et la Chine soient des partenaires économiques privilégiés, mais ce n'est pas vraiment le cas. Si la RPC est le deuxième fournisseur de la France après l'Allemagne, la France n'est que 19e fournisseur de la Chine.
Le fait que le marché chinois préfère les entreprises allemandes aux sociétés françaises n'étonne pas le spécialiste d'Asie Jean-Luc Domenach qui a accordé une interview à La Voix de la Russie. L'Allemagne est très bien implantée en Chine grâce à son réseau de PME, note l'expert. En revanche, les entreprises françaises qui cherchent à s'implanter en Chine, sont de grandes sociétés (Veolia, Areva, EDF, Alstom etc.), avec une forte participation de l'Etat (Véolia, EDF, SNCF, RATP). Ces sociétés sont habituées à imposer leurs conditions, et sont moins flexibles dans les négociations avec les entreprises chinoises.
Déséquilibre dans les investissements
Selon la Banque de France, à la fin de 2012, les stocks d'investissements directs étrangers en provenance de Chine (RPC et Hong-Kong) s'élevaient à 4,2 milliards d'euros, soit 0,9% des stocks d'investissements en France. Quant aux investissements français en Chine, ils s'élèveraient à 16,7 milliards d'euros à la fin de 2012 (15% des IDE en Chine).
Les experts chinois regrettent une « peur de la Chine » qui s'est installée en France ces dernières années, surtout après la médiatisation du passage sous le pavillon chinois des symboles de l'économie française comme PSA ou Pierre et Vacances.
« La France reste toutefois un marché qui intéresse les Chinois. Nos industries possèdent des standards de qualité qui sont appréciés dans ce pays qui découvre le développement durable et des hautes technologies », résume Pierre Picquart, spécialiste de la Chine et professeur à l'Université Paris-8. « La Chine a abandonné la stratégie de fabriquer en grande quantité à tout prix et se soucie désormais de la qualité. Et les entreprises françaises ont tous les atouts pour travailler avec les Chinois ».