Le rapport de l'institut souligne pourtant que ces images satellite ne permettent pas de constater avec certitude que le réacteur arrêté en août 2014 a déjà été relancé. Il existe toutefois assez de preuves appuyant la thèse d'une reprise du programme nord-coréen de production d'uranium militaire.
Ces conclusions des experts américains et sud-coréens ont été publiées dans le contexte d'un statu quo fragile entre le Nord et le Sud de la péninsule coréenne, qui dure depuis plusieurs mois. Malgré une guerre rhétorique incessante entre Séoul et Pyongyang, les deux parties laissent parfois entendre qu'elles pourraient reprendre le dialogue. Qui plus est, lors de la dernière séance des consultations tripartites à Tokyo, les diplomates japonais, américains et sud-coréens ont évoqué la possibilité de relancer les négociations à six visant à transformer la péninsule coréenne en zone dénucléarisée. Ces négociations réunissent le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud aussi bien que la Russie, la Chine et la Corée du Nord.
Mais cette relance du programme nucléaire nord-coréen pourrait torpiller la reprise des négociations dans la péninsule coréenne et se solder par une nouvelle escalade des tensions. Dans ce contexte, la Russie pourrait jouer un rôle stabilisateur dans les relations entre le Nord et le Sud.
Les conditions préalables devraient être remplies au printemps quand les leaders des deux pays visiteront Moscou pour les cérémonies des 70 ans de la victoire de la Grande Guerre patriotique. Pyongyang a déjà confirmé les préparatifs de la visite du leader nord-coréen Kim Jong-un. La présidente sud-coréenne Park Geun-hye fera également partie des 20 autres chefs d'État et de gouvernement qui devraient se rendre à Moscou pour les célébrations de mai.
"L'arrivée à Moscou des leaders des deux Corées offre une chance unique pour lancer dans la capitale russe un dialogue inter-coréen au niveau le plus élevé", souligne Dmitri Mossiakov, directeur de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie. Selon lui, l'absence de dialogue est l'obstacle le plus important à la normalisation des relations entre le Nord et le Sud et à la création d'un système international efficace de contrôle du programme nucléaire nord-coréen.