La crise actuelle n'a pas surgi de nulle part: elle est le résultat logique des actions antérieures. En observant la dynamique de la politique de l'Occident – aussi bien en Europe qu'en dehors – de nombreux experts et analystes supposaient que la hausse des tensions au Moyen-Orient se refléterait rapidement sur les sociétés européennes et représenterait une menace plus importante pour nos démocraties.
Cette crise a mis en évidence les faiblesses structurelles du système politique européen, qui s'est distancé de ses citoyens. Les craintes éprouvées par l'Europe en 2014 concernant une éventuelle guerre avec ses voisins a conduit en 2015 à une véritable renaissance de la politique. Nous avons vu la Commission européenne de Jean-Claude Juncker légitimer ses décisions politiques, les gouvernements nationaux enfin prendre conscience de la nécessité d'actions politiques et d'une activité civile.
Tout cela aurait pu susciter de l'optimisme dans une situation de stabilité. Cependant, il n'en est rien. Le continent européen connaîtra une série de perturbations liées aux activités terroristes. Il s'agira d'individus ou de groupes qui vivent en Europe mais n'ont pas réussi à s'intégrer. Les attentats seront provoqués par les événements sanglants qui ont lieu aujourd'hui au Moyen-Orient.
L'explosion de haine au Moyen-Orient et ses conséquences pour l'Europe sont très préoccupantes aujourd'hui. L'UE sera inévitablement confrontée aux sursauts de racisme et d'antisémitisme si les frictions qui existent aujourd'hui continuent d'évoluer dans le même sens. Et cette violence ébranlera inéluctablement nos démocraties affaiblies, qui n'arriveront pas à y remédier sans enfreindre la loi.
Malheureusement, ce qui s'est produit augmente les chances d'un nouveau sursaut de racisme – pas seulement en France mais aussi à travers l'Europe et en dehors, parallèlement avec les mesures draconiennes engagées pour maintenir l'ordre. Cependant, du moins cette fois, une agréable surprise attend les Européens: la gestion presque exemplaire de la crise par François Hollande. Face au risque d'une explosion sociale, il a réussi à changer le vecteur de la réaction émotionnelle de la population, qui avait initialement une teinte de racisme. Cette réaction a cédé la place aux exigences de ne pas assimiler l'identité des terroristes à leur nationalité, renoncer à l'approche libertarienne et faire la propagande de l'unité.