Au moins 1,5 millions de Nigérians ont fui le pays pour se réfugier des terroristes de Boko Haram au Cameroun, au Tchad et au Niger. Depuis peu le groupe a étendu la géographie de ses raids, en attaquant des villages et villes au Cameroun et au Tchad. Et chaque incursion de ce genre s’accompagnait de pillage, de destruction de maisons d’habitation, d’assassinats d’hommes et de prises en otages de jeunes filles et femmes.
Au début de janvier les terroristes de Boko Haram ont pris d’assaut la ville de Baga au bord du lac Tchad dans le nord-est du Nigeria, en mettant en ruines la ville et les 15 villages dans le voisinage. De l’avis de Ryan Cummings, spécialiste des questions de sécurité sur le continent africain, la prise de Baga permettra à Boko Hram d’établir son entier contrôle sur la région ou se recoupent les frontières de quatre pays – Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad.
« Un danger global appelle une riposte globale, a déclaré à ce propos le président du Cameroun Paul Biya. « Pour lutter contre le groupe radical Boko Haram une aide militaire internationale est nécessaire », a-t-il ajouté.
Le premier à réagir à cet appel d’aide a été le président du Tchad Idriss Deby. Samedi, le 17 janvier, il a ordonné d’envoyer en territoire du Cameroun un convoi de 400 véhicules militaires tchadiens, accompagné d'hélicoptères de combat, soulignant que ces troupes devaient être "opérationnelles" dès ce dimanche. Autrement dit, les Africains ont déclaré une guerre d’envergure à Boko Haram… C’est ce que Philippe Hugon, chef du département Afrique à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) a raconté dans son interview par téléphone de Paris à notre observateur Igor Yazon.