Aéroflot s’émancipe des Boeing et autres Airbus

Aéroflot s’émancipe des Boeing et autres Airbus
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Les Russes ont décidé de se passer maintenant des avions étrangers en se branchant sur leur production nationale dans le domaine aéronautique.

Selon certaines sources professionnelles, le fameux Aéroflot, numéro un des transporteurs aériens russes serait sur le point d’augmenter le nombre de ses coucous sortis des écuries nationales. Il se trouve que de nos jours cette compagnie russe vole plutôt avec les ailes étrangères et se trouve sous la houlette du Grand Frère français – Air France – KLM qui, par l’entremise de son grand groupe Sky Team Alliance – lui a imposé l’acquisition des appareils étrangers. Pourquoi cela ? Mais parce qu’on fait jouer le principe de l’unicité de la flotte aérienne au sein d’une union faisant face à d’autres grandes unités supranationales, comme la très redoutable Star Alliance, mue par le jumeau siamois et le concurrent numéro un d’Air France qu’est incontestablement Lufthansa la Teutonique.

Alors le petit Aéroflot avec ses quelques cent cinquante avions de fabrication Boeing et Airbus 318-321 ne fait tout simplement pas le poids contre les géants de la concurrence mondiale. Il est à dire que, pendant la période soviétique, Aéroflot la Soviétique drainait un tel flux de passagers qu’elle faisait partie des premières compagnies aériennes du monde. Après l’implosion soviétique, la compagnie a perdu son aplomb et s’est retrouvé sur le tapis pour être repris en main par une compagnie de gestionnaires visiblement sous l’emprise occidentale. Petit à petit ils ont fait remplacer les trois quarts de la flotte par les avions venus d’ailleurs en appuyant l’idée que les appareils de production nationale étaient démodés.

De façon étrange, cette idée loufoque tranchait avec le succès de l’aéronautique militaire russe classée comme l’une des meilleures à l’échelle mondiale, ou encore avec les avions cargos ou hélicoptères convoités par l’OTAN et achetés même par les Américains. Certains parlaient même d’une concurrence déloyale des Occidentaux qui auraient acheté le management du transporteur aérien moscovite.

Mais voilà qu’après la relève et l’arrivée aux commandes d’Aéroflot de M. Savéliev, directeur général de la compagnie, l’Aéroflot s’est mise au tricolore national. Ainsi le nouveau gestionnaire a signé le contrat d’acquisition de nouveaux Soukhoi Superjet 100 motorisés par SAGEM avec son propulseur SAM-146. Ce court courrier vole depuis un moment dans les rangs de la compagnie russe. Il est fabriqué par Soukhoi et son avionique est également française. La coopération aurait appris aux Russes beaucoup de choses, d’autant plus qu’ils n’en étaient pas à leur premier coup d’envoi, à ne citer que le Tupolev-204 fait à plus de 30% de pièces occidentales à commencer par les moteurs.

Et voilà qu’Aéroflot signe un programme d’élargissement du nombre de Soukhoi au sein de son parc d’avions. Une grande nouvelle pour SAGEM et THALES qui devraient être aux anges prévoyant les contrats juteux de livraison des pièces détachées. Visiblement et les sanctions aidant, les affaires avancent bon train pour l’aéronautique nationale parce que, dans la foulée, Aéroflot a également annoncé la livraison imminente d’un moyen-courrier de 80 places MS-21. Cet appareil de concept Yakovlev et, en partie, Tupolev serait produit en chaîne dans les usines d’Oulianovsk, un vieux centre Tupolev complètement recyclé par une nouvelle équipe de dirigeants de la compagnie Irkut.

Tout comme Soukhoi, Irkut a fait ses armes dans l’aéronautique militaire avec les avions intercepteurs de première ligne Soukhoi 30 MKI et les Bériev 200, avion-amphibie fabriqué à Taganrog. Depuis un moment déjà il concoctait la création de l’appareil civil qu’il veut résolument révolutionnaire.

Le directeur de la filiale d’Oulianovsk de l’avionneur Irkut a d’ores et déjà annoncé que cet appareil mettrait à profit les nouveaux acquis russes dans le domaine de l’aérodynamique et que ses ailes seraient faites de matériaux composites ce qui est autrement intéressant. Si l’aéronautique russe est traditionnellement très forte dans le domaine des alliages qui ne sont pas maîtrisés au même niveau par les Occidentaux, les ingénieurs russes n’avaient qu’une piètre connaissance des matériaux composites. Cependant lorsque Soukhoi s’est mis à coopérer avec la compagnie italienne Finmeccanica, premier producteur des matériaux composites pour Boeing avec son usine de Naples, on a vite fait de comprendre qu’il y aurait des retombées pour les Russes dont MS-21.

Comme on voit la Russie entend redorer son blason de l’aéronautique civile en étonnant de nouveau le monde comme cela a été déjà le cas à l’époque de l’apparition de Yakovlev 40, premier avion régional au monde ou encore de Tupolev 134 reconnu comme meilleur de sa classe pour son aéronautique. Les Russes ont produit également l’avion le plus sûr du monde Ilyushine 86 qui, en plus de 20 ans d’exploitation, n’est tombé qu’une seule fois et ce sans passagers ! Ou encore Il 76 TD recherché par l’OTAN pour le transport de ses troupes et de son matériel.

Pour la petite histoire, l’industrie russe adore les Européens pour les sanctions qui ont été imposées à leur pays ce qui aide à investir dans la production nationale. Alors vivent les sanctions et l’aéronautique russe !

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