La tendance à suivre la politique américaine de durcissement des sanctions contre Moscou pourrait créer pour l'Europe un risque de coupure des approvisionnements en gaz russe cet hiver, estime l'analyste politique et économiste Paul Craig Roberts, sous-secrétaire au Trésor dans l'administration Reagan.
"La Russie a déclaré qu'elle ne livrerait plus son gaz via l'Ukraine. Il sera acheminé via la Turquie. Si l'Europe le souhaite, elle pourra construire un gazoduc depuis la Turquie", a indiqué M. Roberts.
Et de conclure: "il est très probable que l'Europe gèle cet hiver".
Le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov, a annoncé jeudi que le conglomérat russe étudiait avec ses partenaires européens la possibilité de construire les infrastructures nécessaires pour recevoir le gaz acheminé par le pipeline Turkish Stream. M. Kouprianov a dans le même temps souligné que Gazprom n'avait pas l'intention de participer à ces travaux.
Début décembre, la Russie a déclaré qu'elle renonçait au projet South Stream censé acheminer du gaz russe par le fond de la mer Noire vers la Bulgarie et d'autres pays de l'UE. Le projet a été abandonné, entre autres, en raison de la position hostile de l'UE.
La nouvelle formule proposée par Moscou prévoit la construction, par le fond de la mer Noire, d'un deuxième gazoduc entre la Russie et la Turquie (Turkish Stream) et la mise en place d'un hub gazier à la frontière turco-grecque.
Le 14 janvier, le PDG de Gazprom Alexeï Miller a fait savoir au vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic que la Russie envisageait d'acheminer via la Turquie l'ensemble du gaz russe transitant actuellement par l'Ukraine.
Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution saluant la décision de Moscou d'abandonner le projet South Stream. Les parlementaires ont motivé leur décision par la nécessité de diversifier les itinéraires de livraison de gaz à l'Europe.