Le dossier ukrainien s'aggrave: alors que le sommet du 15 janvier à Astana, qui devait rassembler les leaders russe, ukrainien, allemand et français pour le règlement de la crise en Ukraine a été annulé, la situation dans la zone du conflit dans le Donbass se détériore comme jamais, écrit vendredi le quotidien Kommersant.
La tenue d'un sommet des quatre chefs d'État et de gouvernement, qui aurait dû avoir lieu hier à Astana selon le président ukrainien Piotr Porochenko, est de plus en plus incertaine. Lors de leur rencontre à Berlin les ministres des Affaires étrangères des quatre pays n'ont pas été en mesure de surmonter leurs divergences concernant les conditions de mise en œuvre des accords de Minsk. Hier, le service de presse du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a annoncé une nouvelle date possible fin janvier.
La situation dans le sud-est de l'Ukraine, pendant ce temps, ne fait que s'aggraver. Hier, les structures de force ukrainiennes ont accusé les rebelles d'avoir battu la veille leur record en tirant 129 fois sur les positions des unités loyalistes. Les républiques autoproclamées rejettent la responsabilité de l'escalade du conflit sur l'armée ukrainienne. Les raisons essentielles de l'aggravation récente des tensions résident dans la mort de 12 civils (encore 17 personnes ont été blessées) dans l'attaque d'un bus près d'un poste de contrôle ukrainien à Volnovakha et dans les combats à l'aéroport de Donetsk. Kiev affirme que ce bus a été détruit avec un système de missiles Grad par les insurgés, alors que ces derniers accusent l'armée ukrainienne.
La reprise des hostilités à l'aéroport de Donetsk montre qu'à tout moment, la situation pourrait déraper. Mardi, l'artillerie a détruit le poste de dispatching et hier les responsables de la République populaire de Donetsk ont annoncé la prise de contrôle de l'aéroport. "Les combats sont en cours, les bandits s'approchent de nos positions", indique un communiqué du centre de presse des forces de sécurité ukrainiennes.
Kiev et les autorités des républiques autoproclamées poursuivent également leur guerre rhétorique. Alexandre Zakhartchenko, président de la République populaire de Donetsk, a suggéré hier à Piotr Porochenko d'organiser une rencontre dans cet aéroport, devenu le centre de l'affrontement actuel. Mais comme les autorités ukrainiennes sont opposées à tout contact officiel avec les rebelles, Kiev a envoyé l'ancien président Léonid Koutchma pour négocier à Minsk.
Hier, Donetsk a fait un nouveau geste envers Kiev en annonçant l'envoi de cinq wagons de charbon, décrits par Alexandre Zakhartchenko comme une aide humanitaire. "Les deux parties font de la bravade: les autorités de Donetsk comme le président ukrainien, qui dit avoir obtenu un soutien international", explique l'analyste politique ukrainien Kost Bondarenko. L'expert militaire Igor Levtchenko souligne quant à lui l'importance stratégique de l'aéroport de Donetsk en tant que "plateforme pour une offensive éventuelle contre la ville". Mais, d'après lui, cette "opération offensive n'est pas encore envisagée et les deux parties suivent la tactique de l'usure de l'ennemi".
Le politologue Vitali Koulik remarque que l'aéroport, dans son état actuel, n'est pas important pour l'Ukraine "comme un objet d'infrastructure mais comme un symbole des exploits de ses défenseurs". Les experts soulignent l'absence de conditions pour une reprise des négociations et le fait que le président Porochenko, qui a misé sur le règlement pacifique de la crise, cède de plus en plus de terrain par rapport au partisans de la ligne dure envers les république autoproclamées du Donbass.