Le ministère afghan de la Défense affirme que l’État islamique d'Abou Bakr al-Baghdadi essaie de s'étendre sur le territoire de l'Afghanistan: les combattants de l'organisation sont déjà présents dans la province de Helmand au sud du pays, écrit jeudi le quotidien Novye Izvestia.
D'après le ministère afghan de la Défense, le mollah Abdoul Raouf, qui se désigne comme un représentant plénipotentiaire de l'EI en Afghanistan, a déjà lancé des opérations actives au sud du pays. Il a créé un réseau très développé de sympathisants à Helmand, la plus grande province du pays, et recrute des volontaires pour l'EI. Tout comme en Syrie, les djihadistes n'ont aucune envie de partager le pouvoir et préfèrent agir indépendamment. Ils sont réticents à créer une alliance avec les Talibans — ces derniers appellent les Afghans à se méfier de Raouf — et ont déjà entamé des affrontements.
Abdoul Raouf est connu en Afghanistan. Avant son entrée à l'EI il était commandant d'une unité importante de Taliban. En 2001 il avait été capturé par les forces américaines et avait passé six ans dans la prison de Guantanamo. Il avait également perdu une jambe dans ce combat avec les Américains. Après s'être brouillé récemment avec le mollah Omar, leader des Talibans en Afghanistan, il a rejoint l'Etat islamique. Aujourd'hui il arrache les drapeaux blancs des Talibans pour les remplacer par les drapeaux noirs de l'EI. Les affrontements entre les djihadistes et les Talibans ont déjà fait près de 20 morts de deux côtés.
Selon les médias afghans, la population locale considère pour le moment les combattants de l'EI comme des intrus. Les Irakiens et les Syriens avaient d'abord adopté la même attitude mais les djihadistes les avaient ensuite assujettis. L'apparition de l'EI en Afghanistan aggrave davantage la situation dans ce pays, déjà très compliquée. Toutefois, le fait que les islamistes soient les ennemis des Talibans est avantageux pour les autorités. Si ces derniers étaient évincés, l'armée afghane devrait faire face aux djihadistes elle-même.
Organisation terroriste État islamique >>
Il est également possible que l'activité de l'EI puisse s'étendre vers le nord, dans l'espace post-soviétique. L'apparition en fin de l'année dernière d'une version russe du site de leur agence de presse, le Al Hayat Media Center, témoigne de leurs plans. Mercredi, ce dernier a publié une nouvelle vidéo d'exécution: un garçon de dix ans s'approche de deux hommes et leur tire dans la tête. Avant cela, ils s'étaient identifiés en russe comme Djamboulat Mamaïev et Sergueï Achimov, agents du Service fédéral de sécurité, qui avaient infiltré l'EI pour trouver des informations sur le mouvement des unités islamistes et sa direction. Le service russe s'est abstenu de tout commentaire, tout comme l'ambassade russe en Syrie. Ces meurtres auraient pu ne pas avoir lieu: d'habitude les exécutions publiées par les djihadistes frappent par leur réalisme, mais dans ce cas-là il n'y avait même pas de sang. Qui plus est, les islamistes ont déjà posté plusieurs mises en scène de ce type sur leur site par le passé. Les raisons de ces actes ne sont pas claires, mais les terroristes auraient pu indiquer ainsi leur prochaine cible.