Le directeur du Centre d'études socio-politiques Vladimir Evseev a ainsi commenté la déclaration du premier ministre du Japon Shinzo Abe sur l'intention de développer un groupe militaire dans l'espace.
De nouvelles possibilités militaires dans l'espace placeront le Japon au niveau de la Chine et de l'Inde dans ce domaine, a déclaré Shinzo Abe lors d'une réunion du gouvernement. Un communiqué sur cette réunion indique que le Japon devait pouvoir assurer sa sécurité dans l'espace. Le communiqué précise que le Japon est préoccupé par la rapidité avec laquelle la Chine crée son arme anti-satellite, notamment le système entravant le fonctionnement des appareils spatiaux par des rayons laser. La collecte d'information sur les navires et les sous-marins chinois est citée comme un autre objectif de l'accroissement du groupe de satellites militaires du Japon.
Le politologue Vladimir Evseev estime que la menace chinoise au Japon depuis l'espace ne sert qu'à dissimuler ses objectifs authentiques :
« Il est impossible de suivre avec certitude les déplacements des sous-marins nucléaires depuis l'espace. Il n'y a que des indices indirects qui permettent d'en juger, à savoir les traces sur la surface de l'océan. Ces traces ont une température et elles peuvent être détectées par l'observation infrarouge. Mais ces données ne sont pas en mesure d'être confirmées à coup sûr. En plus, si le Japon avait été vraiment préoccupé par le développement de l'arme anti-satellite chinoise, il aurait soulevé la question dans l'ONU sur l'adoption d'un code de conduite dans l'espace et sur l'inadmissibilité de sa militarisation. Cependant, le Japon n'a pas fait montre d'activité en la matière. Il s'agit plutôt d'une couverture permettant au Japon de devenir un Etat à part entière en termes d'armements ».
Par le passé, le Japon a déjà affiché des ambitions de ce genre. Il paraît que ces ambitions se renforcent. Les Etats-Unis commencent à fermer les yeux sur le développement du potentiel militaire du Japon. Bien que jusqu'à ces derniers temps ils tentassent de retenir Tokyo. Vladimir Evseev fournit sa version :
«Les possibilités des Etats-Unis de retenir les ambitions militaires du Japon se sont apparemment affaiblies. Le Japon s'en rend compte. D'où ses projets d'accroître le groupe spatial militaire. Il est évidemment prévu de déployer l'arme dans l'espace dans certaines circonstances. Cela peut être fait de concert avec les Etats-Unis ou en toute indépendance. Pour le Japon l'adversaire militaire principal est la Chine c'est pourquoi il évalue des situations possibles. Je pense qu'au fur et à mesure de la baisse de l'influence américaine en Asie le Japon tente d'occuper une certaine niche. En tout état de cause, il s'efforcera de dissuader la Chine même si les Etats-Unis s'affaiblissent sensiblement sur le plan militaire ».
En attendant les observateurs estiment que ces prochaines années les Etats-Unis et le Japon effectueront un suivi conjoint de la Chine depuis l'espace. Ces projets sont évoqués dans les principes rénovés de coopération nippo-américaine dans le domaine de la défense. En vertu de ces nouveaux accords, l'Agence spatiale japonaise doit fournir à l'armée américaine les informations collectées par ses satellites et radars. Plus encore, une force spatiale verra le jour dans les Forces japonaises d'autodéfense après 2018. On suppose qu'elle devra assurer la coopération entre les militaires japonais et américains.