Tous ces immeubles à de nombreux étages reposaient sur les idées du gothique médiéval et de l'architecture russe. En résultat, ils se ressemblent beaucoup : c'est une construction à de nombreux niveaux surmontée d'une tour centrale et d'une aiguille couronnée d'étoile. Même leur hauteur ne diffère pas beaucoup : elle varie de 26 à 34 étages. Mais bien que les ressemblances soient évidentes, chaque immeuble a ses traits distinctifs uniques.
Le gothique surmonté d'une aiguille
L'immeuble du ministère des Affaires étrangères de la place Smolenskaïa est un des gratte-ciel staliniens les plus remarquables. Son aspect architectural remonte au gothique anglais du XV siècle. Il se distingue des autres au premier chef par une nette segmentation verticale de la façade : des arêtes rigides soulignent la hauteur du bâtiment élancé vers le ciel.
L'immeuble du ministère a également ceci de particulier que son aiguille n'est pas couronnée d'étoile soviétique à l'opposé de tous les autres gratte-ciel staliniens. En plus, la couleur de l'aiguille diffère sensiblement de celle du bâtiment. Tout s'explique par le fait que le projet ne prévoyait aucune aiguille. Cette dernière devait être construite plus tard sur l'ordre de Joseph Staline qui supervisait personnellement la construction. Le bâtiment ne pouvait pas supporter une surélévation en pierre, c'est pourquoi il a été décidé d'exécuter la pointe en acier. Depuis la pointe est peinte de la même couleur que la façade revêtue de carreaux en céramique clairs, mais on ne parvient pas toujours à bien choisir la couleur.
Enfin, l'immeuble du ministère des Affaires étrangères a sur sa façade les énormes armoiries de l'URSS.
Ajustons la montre
Le bâtiment principal de l'Université Lomonossov de Moscou a une silhouette notable. Il a un socle très vaste flanqué de quatre tourelles ornées de gros bacs à fleurs avec une horloge et des baromètres de grand diamètre.
L'entrée du bâtiment principal est décorée de statues en bronze de jeunes hommes et de jeunes filles tenant des livres. Quatre statues de deux ouvriers et de deux kolkhoziennes hautes de 7,6 à 9 m sont installées sur l'avant-corps.
La composition en trois parties de l'édifice saute aux yeux. Il convient de noter spécialement le revêtement rouge de la frise qui forme une ligne horizontale et rend l'immeuble très reconnaissable.
Le premier gratte-ciel
L'immeuble résidentiel du quai Kotelnitcheskaïa est le premier gratte-ciel construit à Moscou. Son architecte Dmitri Tchétchouline était à cette époque architecte en chef de Moscou et il a commencé les travaux en se basant sur un bâtiment qu'il avait lui-même construit avant la guerre. De fait, le futur gratte-ciel était prêt à un tiers environ. Ce bâtiment dont la façade s'ouvrait sur le quai est devenu l'aile droite du gratte-ciel.
L'immeuble du quai Kotelnitcheskaïa a ceci de particulier que ses deux ailes sont inclinées sous un angle obtus par rapport à la tour centrale. Une autre particularité, c'est son premier niveau assez élevé. Au milieu on voit des tourelles abritant des duplex. Soit dit en passant, pour atteindre l'ascenseur, les habitants des duplex doivent marcher par le toit.
Un immeuble monumental
L'immeuble résidentiel de la place Koudrinskaïa est facilement reconnaissable grâce à ses sections latérales. Si dans les six autres gratte-ciel la tour se détache sur fond des ailes largement aplaties du niveau inférieur, les constructions latérales de celui de la place Koudrinskaïa diminuent la hauteur de la tour centrale. Comme si elles voudraient atteintre la hauteur de la partie centrale ce qui donne à l'immeuble de la corpulence et même une longue pointe ne parvient pas à l'amincir.
Les sculptures installées sur son stylobate constituent une autre particularité. Pour les voir il faut se rapprocher de l'immeuble car les bâtiments environnants cachent sa partie inférieure.
Un gratte-ciel de style russe
Le gratte-ciel stalinien de la place Krasnyïé vorota se trouve sur le point le plus élevé de Sadovoïé koltso (Ceinture des jardins). On peut dire qu'il est le plus russe de tous les autres. Sa décoration utilise des éléments typiques de l'architecture russe du XVIIe siècle : des pavillons et des pyramides installés sur le toit.
En plus il se distingue par des refends du fronton. Cependant tout comme l'immeuble du ministère des Affaires étrangères il est doté d'arêtes verticales. De cette façon sa façade est segmentée aussi bien à la verticale qu'à l'horizontale.
Un gratte-ciel baroque
L'architecture de l'immeuble de l'hôtel Leningradskaïa renferme de nombreuses réminiscences au baroque moscovite de la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècles. Ce septième gratte-ciel de Moscou diffère sensiblement de tous les autres. En premier lieu par sa couleur. Les segments entre les arêtes verticales de la tour revêtues de carreaux clairs sont remplis par des fragments en céramique rouges. Cette combinaison souligne les lignes verticales et rend la façade haute en couleurs. Les frises du niveau intérieur sont également rouges.
L'hôtel Leningradskaïa a en plus une entrée pas comme les autres. Si dans les six autres gratte-ciel l'entrée est située sur la « ligne rouge » de la rue ou du bâtiment, ici elle coincée entre les avant-corps. Les ailes du bâtiment s'étendent vers l'avant grâce à quoi la tour se trouve dans le centre de la composition. En outre l'entrée est surmontée d'un fronton brisé qui est un élément de l'architecture typiquement russe.
Cependant le bâtiment n'est pas surchargé d'éléments architecturaux décoratifs ce qui le rend distinct des autres gratte-ciel.
Initialement le nombre de gratte-ciel devait symboliser le 800e anniversaire de Moscou célébré en 1947, mais la construction d'un immeuble sur l'emplacement du quartier démoli de Zariadié a été arrêtée après la mort de Staline. Plus tard l'hôtel Rossia (aujourd'hui démoli) a été construit sur son stylobate.