Les auteurs de la tuerie seraient trois hommes cagoulés et vêtus de noir. Pourchassés par la police, ils ont finalement réussi à prendre la fuite en passant par la porte de Pantin. François Hollande s’est immédiatement rendu sur les lieux du massacre. Il a évoqué un acte terroriste en disant que les coupables, où qu’ils soient, quel que soit le sentiment – vindicatif ou provocateur – dont ils étaient mûs, n’échapperont pas à la justice.
Philosophons peu mais philosophons bien, en essayant, bien que grande soit notre peine et encore plus grande la peine de ceux qui connaissaient les victimes, de ventiler par catégories. La France a subi quatre attentats en moins d’un mois. Quatre attentats perpétrés d’une manière arrogante, ostentatoire sous les bannières d’un islamisme conquérant. Celui-la même qui se permet de monter les sunnites contre les chiites, celui-la même qui anéantit, main dans la main avec l’OTAN, les pays arabo-musulmans laïcs en crucifiant aux passages les chrétiens, en décapitant les alaouites, en égorgeant les yézidis. Il s’agit grosso modo d’une secte se revendiquant de l’islam pur ou du salafisme. On peut bien entendu s’interroger sur la véritable nature des attentats commis respectivement à Joué-les-Tours, à Dijon, à Nantes et cette fois à Paris, en plein jour, dans le 11ème arrondissement. On peut bien entendu s’interroger sur l’état psychique des bourreaux ou se demander si dans leur ensemble, dans une logique d’opération sous fausse banière, ces actes ne concourent pas à diaboliser l’islam. Jusqu’au moment où l’on s’aperçoit que l’islam en tant que tel n’a rien à faire dans cette série sanglante. Pas plus que nous ne saurions exploiter outre mesure les théories conspirologiques de vigueur visant à démontrer qu’il s’agirait sans doute d’une série de coups montés par les service secrets. Il faudrait enfin se mettre à l’évidence : l’interventionnisme hautement belliciste et profondément malsain ayant caractérisé la politique étrangère des puissances occidentales depuis 2001 a favorisé l’émergence de groupuscules intégristes radicaux qui jusqu’à présent marginaux se targuent aujourd’hui de pouvoir organiser un Califat islamique revendiquant l’espace du monde musulman tel qu’il s’étendait à l’époque médiévale de l’Indus à Poitiers. Poitiers, c’est bien la France, n’est-ce pas ? Grâce à Charles Martel que l’on a pudiquement sorti des programmes scolaires pour ne pas traumatiser les enfants d’immigrés. C’était un faux calcul. On s’est tellement appliqué à rechercher de faux traumatismes que ces enfants n’auraient jamais éprouvé si on ne leur avait pas donné l’idée de les éprouver, que l’on n’a rien fait pour prévenir le véritable danger. Non contents de soutenir manu militari des ingérences aussi meurtières que contraires aux intérêts européens, on a, d’un côté, cautionné la présence de prédicateurs saoudiens et qataris dans les banlieues, d’un autre côté, mis de l’huile dans le feu en défendant les publications sans conteste provocatrices et déplacées de Charlie Hebdo. Comme si cela ne suffisait pas, on s’est engagé à combattre le catholicisme au moyen d’un laïcisme incohérent dans son expression actuelle en exhibant un modèle sociétal déconstructif prônant l’inversion des genres, le mariage gay et des valeurs ultra-matérialistes de type consumériste. Le résultat ne s’est pas fait attendre. La jeune génération des banlieues, aussi écoeurée par les simulacres d’idéaux occidentaux qu’énivrée par le venin épique des prédications wahhabites n’a pas tardé à faire son choix. Elle a capté le message aussi littéralement que possible en passant à l’action aussi vite que possible. En ce sens, le cas du jeune Mohamed Merah n’a rien d’exceptionnel. Deux ans avant la proclamation de l’EI, cet Egaré, pour reprendre la très éloquente formule de Michel Vernochet, avait déjà tout compris.
Craignant sans doute d’être inexact, l’EI a clairement formulé ce que devait être le sort des mécréants français. Pour rappel, le message a été véhiculé en septembre 2014 : « Egorgez-le [le mécréant] avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture ». Trois mois plus tard, comme par hasard en période de Noël, nous voyons des camionnettes foncer dans la foule et des agressions au couteau. La fusillade sanglante survenue le 7 janvier s’inscrit dans cette suite tragique qui malgré l’immense travail fourni par le renseignement est loin d’inspirer des pronostics spécialement optimistes la politique incohérente menée ces deux dernières décennies traitant les symptômes sans s’attaquer aux racines du Mal. La boîte de Pandore est ouverte. Il ne s’agit pas de cacher son existence. Il s’agit de la refermer au plus vite. En attendant, nous présentons nos plus sincères condoléances aux victimes et à leurs familles.