Parfois il n'est pas en notre puissance de prévoir l'effet de nos actes. L'Europe elle aussi n'a pas réussi à prévoir l'effet catastrophique de son soutien accordé à l'Ukraine.
L'instabilité politique, les partis de la guerre et de la paix, le Donbass et la ruine économique sont devenus les principaux résultats du Maïdan. Que faire dans cette situation ? La réponse de l'UE doit être donnée en 2015.
Les Européens ont interprété le coup d'Etat en Ukraine de février dernier comme le début d'une nouvelle voie démocratique. Des politiques occidentaux qui se rendaient à Kiev saluaient l'esprit rebelle et promettaient un avenir radieux. Cependant le membre du Conseil de politique extérieure et de défense Alexandre Mikhaïlov juge que les politiques de Bruxelles se sont trompés dans leur choix:
"L'Europe avait une idée confuse de ce à quoi elle avait affaire. Selon les " architectes " du coup d'Etat, l'Ukraine était un élément de l'URSS où la situation était stable. Ils croyaient qu'il suffisait d'impulser légèrement le processus pour parvenir à un Etat démocratique. Mais ils ignoraient que ces 20 dernières années les idées nazies étaient enracinées dans certaines régions ukrainiennes. Les idées suffisamment étrangères même pour l'Europe. Cette particularité n'a pas été prise en compte".
Plus encore, les Européens ne sont pas parvenus à prévoir le taux d'agressivité qui serait déclenché par leur appel démocratique. Des hommes inconnus, ayant souvent un dossier criminel, se sont emparés du pouvoir au niveau local sous couvert de révolution au nom de la liberté et de l'indépendance. Ce qui a commencé comme action politique a dégénéré en violences et pillages. Bruxelles a commencé à réaliser graduellement l'horreur de la situation. Entre-temps, Kiev continue de solliciter d'aide financière. Mais les politiques européens sont las de résoudre les problèmes d'autrui. Alexandre Mikhaïlov relève:
"L'Europe est depuis longtemps un otage des économies subventionnées. Pendant plusieurs années d'affilée elle avait un mal de tête avec la Grèce. L'Ukraine est beaucoup plus dangereuse. C'est pourquoi l'Europe sera obligée soit d'investir, soit d'ériger les frontières et de fermer l'entrée du côté de l'Ukraine. Cette ruche en ébullition crée des problèmes immenses. Mais l'Europe n'a pas de ressources à ces fins. Elle vit actuellement elle-même à l'étroit".
Outre les motifs financiers, il y a aussi des motifs politiques. Les perfusions financières incessantes dans l'économie ukrainienne n'ont pas abouti à des changements cardinaux dans le pays, note la professeur de la chaire des relations économiques internationales de l'Institut MGIMO Tatiana Issatchenko:
"Rien n'a changé de fait en Ukraine. Le pouvoir nouveau ne diffère pas du pouvoir précédent. Les traits négatifs propres au pouvoir renversé se sont maintenus à une seule différence que le pouvoir nouveau possède deux défauts supplémentaires. Il est trop orienté sur les Etats-Unis et il y a trop d'extrémistes dans son entourage. L'Europe est très délicate à cet égard et elle n'est pas disposée à soutenir les extrémistes. C'est pourquoi elle est en mauvaise posture. D'une part, elle ne peut pas aider par des moyens financiers, de l'autre, elle ne comprend pas bien la raison de soutenir le pouvoir qui n'est pas prêt à des compromis".
La situation est aggravée par des démarches imprévisibles de Kiev. A la fin de 2014 les autorités ukrainiennes ont annoncé leur intention d'imposer des droites d'entrée à la quasi-totalité des produits importés, européens compris. Les hommes d'affaires européens se sont révoltés contre la violation flagrante des règles de l'OMC et des principes de l'association économique avec l'UE. Kiev a tout expliqué par la nécessité de combler un nouveau trou dans le budget. Bien que, plutôt, il fasse tout simplement allusion à une nouvelle tranche d'aide financière.