Le projet des BRICS lance un défi à l’Occident. Toujours selon les experts, la Banque doit faire concurrence au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale en offrant l’aide financière aux économies en développement.
La Banque a été instituée lors du sommet des BRICS au Brésil en juillet. Outre les BRICS, d’autres économies émergentes pourraient y participer. Le Mexique, l’Indonésie et l’Argentine sont cités parmi les candidats possibles. La deuxième institution conjointe des BRICS, est un fonds de réserve. C’est un fonds de stabilisation destiné à soutenir les économies dans l’hypothèse d’une crise mondiale.
Le professeur de l’Université fédérale de Rio de Janeiro Thiago Rodrigues estime que ces projets des BRICS visent à changer le format du système financier mondial :
« L’initiative de créer la banque des BRICS est très importante. C’est le premier organe créé par le groupe. A présent, outre la possibilité d’opérer sur le terrain économique et de soutenir des pays en développement, les BRICS se sont dotés d’un mécanisme visant à renforcer leur influence politique dans le monde. Du point de vue hypothétique, la banque et le fonds de réserve permettent d’entrer dans le terrain du FMI. Il est encore tôt de dire si la Banque des BRICS et leur fonds de réserve vont renforcer le système financier international ou les pays en faisant partie. En tout état de cause la banque et le fonds constituent la première alternative à la Banque mondiale et au FMI. La tendance est telle que la fenêtre de possibilité s’ouvre pour que les pays des BRICS puissent utiliser dans leur intérêt ces instruments financiers en vue de gérer la situation politique et économique ».
Les BRICS possèdent un potentiel immense pour que ce projet soit une réussite, estime José Botafogo Gonçalves, vice-président du Centre brésilien des relations internationales :
« Le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud sont les pays possédant un potentiel immense en matière d’investissements dans l’infrastructure énergétique et agro-alimentaire. La Banque de développement visant à investir dans ces branches produira un effet très positif. La Russie, la Chine et le Brésil jouent un rôle très important dans la production d’énergie et de denrées alimentaires. A cet effet, il est très utile d’avoir un instrument financier afin de réaliser les possibilités en matière d’investissement. Si cette Banque s’occupe des projets rapportant un bénéfice concret, ce sera à mon avis un succès ».
A la fin de 2014, la Russie a fait face à une brusque chute du taux de change du rouble par rapport au dollar et à l’euro, mais aussi aux monnaies flexibles comme le yuan et la roupie. Cela doit impulser les pays des BRICS qui créent leur banque à utiliser plus largement les monnaies nationales dans les paiements réciproques. En plus l’Inde et la Chine possèdent une expérience très précieuse qui pourraient être utile pour la Russie et les autres pays, estime Alexandre Salitski de l’Institut IMEMO de l’Académie des sciences de Russie :
« En Inde et en Chine les régulateurs sont beaucoup plus expérimentés qu’en Russie. Ils possèdent une expérience sans prix. Les milieux bancaires de ces pays sont parvenus à lever les inquiétudes de leurs producteurs au sujet des taux de change lors des crises ayant frappé les marchés mondiaux en 1997-1998 et en 2008-2009. Au début la Russie pourrait se servir de l’expérience indienne ou opter aussitôt pour l’expérience chinoise. De nombreux experts, plus particulièrement les experts de nombreuses organisations internationales, la CNUCED comprise, ont déjà fait remarquer que la Chine avait formé le système de régulation monétaire et bancaire le plus cohérent répondant aux besoins des producteurs nationaux ».
Tous les pays des BRICS sont convenus de débloquer 10 milliards de dollars chacun pour la création de la Banque de développement. Plus tard son capital sera porté à 100 milliards de dollars. Le fonds de réserve sera abondé à hauteur de 41 milliards de dollars par la Chine, 18 milliards par la Russie, le Brésil et l’Inde et 5 milliards par l’Afrique du Sud. De cette façon la Banque des BRICS sera une institution financière internationale des plus importantes au monde. La ressource totale avec le fond de réserve s’élevant à 200 milliards de dollars permettra aux pays des BRICS de coordonner leur politique macroéconomique.