Beaucoup se posent la question de savoir si l'Union européenne parvient à regagner la confiance aux yeux de ses membres, si elle trouve les voies permettant de sortir de la crise économique et si les relations avec la Russie sont améliorées.
Selon Mme Caillol toutes ces questions sont interdépendantes: si l'UE n'est pas en mesure d'arrêter les sanctions antirusses qui pèsent sur l'économie aussi bien de l'Europe que de la Russie, l'Union européenne ne pourra pas résister à la tentation de faire marcher la planche à billets pour payer ses factures. L'Ukraine a démontré sa « bonne volonté » de mener les réformes ayant embauché au gouvernement des Américains et des Lituaniens dans l'espoir de pousser le FMI à débourser.
« Peut-être Porochenko commence à comprendre que l'Ukraine ne trouvera de l'argent nulle part, ni au FMI, ni aux Etats-Unis, ni en Europe. Des experts du FMI viennent de partir de l'Ukraine ayant établi que le pays avait besoin de 15 milliards de dollars, sans cependant débloquer un cent. »
En ce qui concerne la faillite de l'Ukraine Marie-Hélène Caillol estime que c'est l'Europe qui doit trouver de l'argent pour l'éviter. L'Europe doit trouver beaucoup d'argent, mais elle n'en a pas elle-même. Mais on peut l'imprimer. A l'opposé de ce que nous entendons, le problème d'assouplissement quantitatif pour l'Europe ne sera pas résolu par la déflation. C'est un moyen léger de payer les factures quand vous n'avez plus de finances : la facture de l'Ukraine (32 milliards), la facture de la Grèce (245 milliards), la facture pour l'abandon du projet South Stream pour la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche, la Bulgarie et tous les autres pays participant au projet (somme inconnue). Il y a aussi la facture Mistral pour la France : 2 milliards de dommages-intérêts plus la commission. Il ne faut pas oublier la facture pour le ralentissement de la croissance économique provoqué par l'arrêt des échanges avec la partie orientale du monde.
Interrogée sur les conséquences pour l'Europe Mme Caillol a répondu que les Japonais attendaient avec impatience l'assouplissement quantitatif européen pour renoncer à la politique similaire dans leur pays et permettre à leur monnaie de reprendre souffle. Les marchés financiers attendent cet assouplissement quantitatif pour continuer à jongler avec la masse monétaire excédentaire qu'ils absorbent avidement. Les Etats-Unis attendent l'assouplissement pour retarder légèrement la reprise des mesures similaires. Cependant l'assouplissement conduira au collapse de l'euro qui relancera l'inflation privant la population appauvrie de l'Europe de ce petit ballon d'oxygène qu'est la déflation. Cela perturbera complètement le fonctionnement de la zone euro et de l'EU et obligera le continent à tomber dans la poche de la zone du dollar. Ce sera une chute libre qui conduira évidemment à ce que l'euro sera attaché au dollar.
Quant à la possibilité d'autres scénarios plus optimistes Marie-Hélène Caillol a répondu :
« Ce serait une folie de recourir à un tel scénario, car pour l'éviter il suffit d'annuler les sanctions antirusses. Ce n'est pas très compliqué d'autant plus dans la situation actuelle quand Porochenko, comme en septembre 2014, ne cesse pas de répéter que le régime de trêve est respecté et quand le président Poutine a fait un geste de bonne volonté ayant abandonné la réalisation du projet South Stream auquel la Commission européenne était vivement opposée. Tout est prêt pour la reprise du dialogue entre l'Europe et la Russie. A l'heure actuelle il y a une menace réelle de défaut de paiement dans deux pays : en Ukraine et en Grèce. Dans son état épuisé actuel la zone euro ne pourra pas tenir ce coup. A part cela, de nouvelles lignes de tension sont en train de se matérialiser au Proche-Orient qui pourraient causer un préjudice véritable aux relations détériorées entre l'Europe et la Russie. »
Rédigé sur la base de données fournies par le Centre d'études et de journalisme.