Courchevel perd la clientèle russe

Courchevel perd la clientèle russe
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La saison d’hiver vient de débuter. Fléchissant sous le poids du matériel sportif, les vacanciers se rendent aux stations de ski. Les Russes ne font pas exception sauf que cette année ils préfèrent les stations de sports d’hiver russes aux européennes.

Il n’y a plus de place dans les hôtels de Sotchi qui a accueilli cette année les XXIIes Jeux Olympiques. Une épingle ne serait pas tombée sur les pistes… Pour contrer cette vague touristique qui s’est abattue sur les trois principales stations de Sotchi, celles-ci ont dû même annoncer l’augmentation des prix des ski-passes pour les fêtes de fin d’année. Les touristes qui n’ont pas eu la chance de faire des réservations à Sotchi à temps, choisissent les stations de ski de l’Oural ou de l’Altaï, région montagneuse au Sud-est de la Russie.

Les itinéraires européens sont cette année beaucoup moins populaires auprès des Russes. Une certaine faiblesse du rouble, des sanctions qu’a subies une partie de la population russe, la faillite de plusieurs agences de voyage en Russie ont certainement contribué à une telle réorientation des flux touristiques. Evidemment, Courchevel, station de ski préférée de l’élite russe, comme bien d’autres destinations européennes connues auprès du public russophone, en subissent les conséquences directes. Comment la saison d’hiver 2014-2015 a débuté à Courchevel nous raconte Adeline Roux, directrice de l’Office de tourisme de la station.

Sputnik. « Madame Roux, est-ce que les Russes sont aussi nombreux cette année à Courchevel qu’auparavant ?

Adeline Roux. Pour l’instant il est bien trop tôt. Nous avons déjà des touristes russes qui sont venus dans la station et qui sont là depuis l’ouverture de la saison d’hiver. D’autant que nous avons aussi une clientèle pas uniquement russe mais russophone.

Sputnik. En ce qui concerne les réservations, avez-vous peut-être déjà quelques chiffres ?

A.R. C’est assez différent d’un établissement à l’autre. On va dire que dans l’hôtellerie haut de gamme avec des touristes qui viennent habituellement, on n’a pas beaucoup de différences par rapport aux hivers précédents. Par contre, tout ce qui va être plutôt sur la location des touristes russes que nous avions dans la station seulement depuis deux ou trois ans, c’est une clientèle plus milieu de gamme, là nous savons déjà que nous allons avoir une fréquentation inférieure à ce que nous avions d’habitude. Il y a des touristes russes qui n’avaient pas encore payé intégralement les réservations, et là il y a eu déjà quelques annulations.

Je pense que ce qui changera plutôt, ça sera la consommation, les sorties, le shopping…

Sputnik. Quels sont vos pronostics quant au nombre de touristes russes pour toute la période hivernale 2014-2015 ?

A.R. Je pense que de toute façon, il faut être réaliste. On sera sur une année qui sera moins importante que les années précédentes ne serait-ce aussi que parce que nous avions eu une progression de la fréquentation russe par un élargissement des profils de touristes qui fréquentaient la station et du coup avec une partie des vacanciers qui subissent la crise actuelle en Russie.

Ce qui est aussi inquiétant, c’est que la Russie est un pays où les vacances passent très souvent en termes de réservations par des agences ou des tour-opérateurs et aujourd’hui il y a une forte évolution de ce côté-ci aussi. Le pays est en train de muter, on va dire, comme ça peut arriver avec d’autres pays, lorsque nous avions eu, par exemple, la crise anglaise avec la livre dévaluée. Malheureusement, c’est le jeu de l’environnement international d’aujourd’hui. On a exactement la même chose sur des pays d’Amérique du Sud qui sont importants aussi pour Courchevel. On fait un focus sur la situation en Russie mais globalement c’est surtout un environnement géopolitique et économique international qui est en mutation.

Sputnik. Les touristes russes peuvent-ils être remplacés par la clientèle asiatique ou européenne, qu’en pensez-vous ?

A.R. Cela ne se compare pas. A Courchevel, nous avons chaque hiver 40 nationalités, 40 pays desquels proviennent les vacanciers qui fréquentent la station. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que vous avez en Russie des périodes de vacances qui sont en complément des périodes de vacances en Europe. C’est pour cela que c’est un pays qui est très important pour nous. Si on avait une solution-miracle, elle serait déjà en place. Mais aujourd’hui la Russie et les pays russophones sont la troisième nationalité qui fréquente la station après les Français et les Anglais et sur des périodes vraiment bien particulières sur lesquelles seuls les Russes sont en congé. Nous on n’est pas dans une idée d’arriver à remplacer la Russie par un autre pays. Sinon ça se saurait déjà et toutes les stations seraient déjà engouffrées dans la brèche…

Sputnik. Que faites-vous pour attirer et pour ne pas perdre dans le contexte actuel la clientèle russe ?

A.R. Nous continuons surtout à offrir une très grande qualité d’accueil et de services et une très grande amplitude de possibilités de séjour et de sorties dans la station. Et je dirais, notre première force reste le domaine skiable, sa facilité d’accès et tous les services qui sont organisés autour avec les moniteurs, avec des parties réservées plus pour les enfants. Et puis cet art de vivre à la française… On ne va pas réinventer la station, on continue à expliquer ce qu’elle est, tous ses points forts. Contrairement à d’autres, nous avons maintenu absolument tous nos déplacements en Russie et dans d’autres pays russophones. Nous avons continué depuis le début de la saison à recevoir aussi de la presse russe, des agences.

Sputnik. Qui sont ces touristes russes qui fréquentent Courchevel ?

A.R. Depuis trois hivers, nous avions une nouvelle clientèle russe qui était arrivée dans la station. Elle est plus « moyenne gamme ». Mais il faut quand même bien se rappeler, par exemple, si je parle des Français que ce sont seulement 7-10 pour cent des Français qui ont les moyens d’aller au ski. Il faut bien se rendre compte que les vacances au ski restent des vacances chères. Et dans tous les cas, ce sont plutôt des hommes d’affaires qui sont soit propriétaires, soit dirigeants d’entreprises, soit cadres très haut placés. Mais il est évident que dans tous les cas le ski reste quand même une activité qui est loin d’être une activité sociale ou complétement ouverte, et ça c’est un phénomène international. Effectivement, depuis trois ans nous avions une ouverture de la clientèle plus large. Et malheureusement, les premiers indicateurs que nous avons, c’est que c’est cette nouvelle clientèle qui pouvait désormais goûter aux joies du ski en Europe et en tous cas à Courchevel, qui est impactée par la situation économique actuelle.

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