Les relations russo-américaines sont au plus bas depuis le début des années 1980, quand l'URSS était encore dirigée par Léonid Brejnev: le conflit ukrainien a mis au jour des divergences de vues fondamentales sur l'ordre européen d'après la guerre froide, et le problème ne sera résolu qu'après la levée de ces contradictions, écrit le quotidien RBC Daily.
Pour l'administration Obama, le déclin des rapports avec la Russie a débuté en août 2013 quand Vladimir Poutine a offert l'asile politique à Edward Snowden. Les relations russo-américaines restent très compliquées et les périodes de conflit alternent avec des parenthèses de coopération productive.
La crise ukrainienne a mis en lumière plusieurs fractures, et avant tout des divergences profondes dans la compréhension de faits fondamentaux comme l'origine des premières manifestations sur le Maïdan, les raisons de la fuite de Ianoukovitch, la nature du soutien américain à ses adversaires, la légitimité du rattachement de la Crimée à la Russie, le rôle de Moscou dans la guerre "hybride" dans le Donbass, la responsabilité pour le Boeing malaisien abattu.
Ces divergences compliquent le règlement de la crise. D'après les États-Unis, la Russie cache son ingérence et tente de créer un conflit gelé à l'est de l'Ukraine. De son côté, Moscou estime que l'Occident veut affaiblir la Russie et approcher l'Otan de ses frontières. Autre problème: la guerre d'information entre la Russie et l'Occident.
Les États-Unis ont répondu, avec leurs alliés européens, par des sanctions coordonnées. Washington est sûr que ces mesures ont déjà affecté l'économie russe et lui portent toujours préjudice, mais reconnaît toutefois que les sanctions n'ont pas modifié la politique ukrainienne de Moscou. Comme les outils de Washington dans cette crise sont très limités, les sanctions resteront l'élément-clé de sa politique envers la Russie. Il ne faut pas donc s'attendre à les voir annulées dans un avenir proche.
Les experts géopolitiques américains estiment que les relations entre Washington et Moscou entrent dans une nouvelle ère, qui nécessite une révision des fondements de la situation attendue après 1992 - l'Amérique et l'Europe, capables de construire un véritable partenariat avec la Russie, renoncent à l'héritage de la guerre froide et tentent de s'intégrer au système économique et politique global pour en tirer profit. Lors d'une réunion du club Valdaï, Vladimir Poutine a dénoncé ce système comme une tentative de Washington de faire accepter à Moscou les règles du jeu américaines et appelé à créer un nouvel ordre mondial. Mais on ne sait toujours rien de la formation de cet ordre nouveau.
En somme, on recense quatre tentatives de relancer les relations russo-américaines depuis l'effondrement de l'URSS. Quatre présidents américains et trois dirigeants russes ont tenté d'améliorer ces rapports au début de leurs mandats, mais en vain. Et il est peu probable que les relations bilatérales se consolident d'ici la fin de la présidence d'Obama.
Il n'est pas exclu que le prochain leader des USA tente de ressusciter ces rapports sur d'autres bases, mais pour le moment les deux partis américains ne soutiennent pas vraiment une telle initiative. Peut-être le Kremlin relancera-t-il ses relations avec l'Amérique - Vladimir Poutine est connu comme un dirigeant pragmatique capable de surprendre le monde extérieur. Dans le cas contraire, le partenariat russo-américain sera très tendu et de plus en plus limité dans un avenir proche.