Le premier ministre hongrois Viktor Orban a sévèrement critiqué la politique européenne des États-Unis: il a démenti les accusations américaines de corruption proférées contre plusieurs hommes politiques hongrois, promis de "donner une réponse adéquate" et condamné l'ingérence de Washington dans la politique intérieure des pays de l'Europe de l'Est, écrit jeudi le quotidien Kommersant.
Viktor Orban a dressé le bilan de l'année 2014 lors d'une interview diffusée pendant le journal télévisé Az Este, sur la chaîne M1. Vers la fin de l'entretien, le premier ministre a promis que la croissance économique hongroise serait plus forte que la moyenne européenne et que le gouvernement tenterait de baisser certains impôts. Rappelons que cette année, le parti d'Orban a gagné toutes les élections locales, législatives et même européennes. Le premier ministre a accordé une attention particulière à la politique internationale et notamment à la crise en Ukraine. "On aurait pu s'attendre à une accalmie suite aux trois élections mais la crise ukrainienne a brouillé les cartes pour tout le monde", estime Viktor Orban.
Il a également commenté les interdictions de visas touchant six fonctionnaires hongrois accusés de corruption, que les États-Unis - alliés de la Hongrie au sein de l'Otan - ont adoptées cet automne. Selon lui, cette décision montre que Washington veut renforcer son influence en Europe de l'Est: "Une nouvelle époque a commencé: les USA se sont mis non seulement à se mêler de la politique intérieure des pays de l'Europe de l'Est, mais aussi à y prendre une part active. Ils tentent de nous entraîner dans un conflit qui ne nous fera que du tort. La Russie et les États-Unis se dirigent vers une nouvelle Guerre froide, mais nous n'avons aucune envie d'y participer".
Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, explique quant à lui que le dialogue américano-hongrois se base sur trois principes, dont deux sont "pratiquement exemplaires": la coopération économique et le partenariat dans le domaine de la sécurité et de la défense. "Des questions restent ouvertes en matière politique, ce qui est très désagréable pour nous", indique-t-il. Ces derniers mois, les relations entre les deux pays se sont détériorées. D'après Viktor Orban, cette tendance pourrait notamment s'expliquer par une décision "pénible" pour les États-Unis: la construction de deux nouveaux réacteurs par le russe Rosatom à la centrale nucléaire de Paks.
La popularité du parti au pouvoir a chuté de 38% à 26% vers la fin de l'année. Alors que les reproches occidentaux continuent de pleuvoir sur la concentration des pouvoirs, la limitation des droits et des libertés et la pression sur les médias, les autorités hongroises ont présenté ces derniers mois plusieurs propositions controversées. Après des contestations massives, elles ont même dû renoncer au projet de loi pour une taxe supplémentaire sur internet. Par ailleurs, le pouvoir prévoit de suivre "l'exemple américain" en adoptant une loi obligeant les ONG à publier les données sur leurs sources de financement étrangères, et d'interdire aux centres commerciaux et aux grands magasins de travailler le week-end pour "permettre aux gens d'accorder plus de temps à leurs familles".