Ce sommet sino-européen est l’événement le plus important de ces derniers mois, car l’initiative du chef d’Etat chinois Xi Jinping sur la création d’une zone de libre libre-échange le long de l'ancienne Route de la Soie y a été formulée. En novembre, Li Keqiang a déjà parlé de ce projet lors du sommet ASEAN-Chine au Myanmar.
Les interlocuteurs de la délégation chinoise qui se sont réunis à Belgrade, ont été réceptifs à l'idée de la Chine. La Serbie et la Hongrie construiront un chemin de fer grâce à l’aide de la Chine. La Grèce est prête à prolonger le corridor douanier depuis cet artère jusqu’au port du Pirée. La Chine s’est déjà chargée de la modernisation de ce port avec pour objectif de construire un nouvel axe de transport entre le Danube et la mer Méditerranée, ayant un accès vers l’Europe centrale et orientale, afin d’avoir l’accès vers l’Afrique.
« C’est l’une des innovations de Xi Jinping, il s’agit d’une nouvelle stratégie pour le capital chinois », explique Vassili Mikheev, le vice-directeur de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie. « Le capital chinois est devenu si important que le marché chinois ne lui suffit plus. La Chine a besoin de franchir une nouvelle étape et elle est en train de la franchir. Il s’agit de l’expansion du capital chinois à l’étranger. Le capital chinois est nouveau dans ce domaine d’investissement, et il doit aider avec des initiatives politiques. C’est en cela que réside la stratégie de la « Ceinture économique de la Route de la Soie » et de la Route de la Soie maritime. La visite de Li Keqiang à Belgrade – c’est l'une des étapes visant à mettre en œuvre cette stratégie. La Chine propose des projets d'infrastructure. Ce sont des projets coûteux, mais c’est la RPC qui se charge de leur réalisation et elle n’a pas de concurrents ».
Au début de novembre, la Chine a annoncé qu'elle allait investir 40 milliards de dollars au Fonds de création de la zone de libre-échange. Il s’agit de la zone de libre-échange le long de la Route de la Soie, terrestre et maritime. C’est une initiative intéressante, mais tous les pays ne comprennent pas vraiment leur place au sein de cette structure. Et certains pays sont réticents à cette idée.
« Le premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré à Belgrade que la Chine veut créer une zone de libre-échange en Europe centrale et en Europe de l’Est », explique Alexeï Maslov, expert de la Haute école de l’économie de Moscou. « En investissant 3 milliards sur les 40 milliards de dollars promis à la région, la Chine va pouvoir créer des artères de transport en optimisant les flux de marchandises par le transport aérien et ferroviaire. En d’autres termes, elle investira dans le transport en échange des préférences spéciales qui lui seront accordées si la Chine utilisera les infrastructures qu’elle construira. Le projet bénéficiera à tout le monde, parce que les marchandises chinoises vont pénétrer en Europe de l’Est et en Europe centrale à des prix bas et sans frais supplémentaires. D’un autre côté, en inondant le marché européen avec des marchandises à faible coût, la Chine boosterait sa production en Europe ».
L'année dernière, lors d’une réunion similaire à Bucarest, Li Keqiang a accordé à 16 pays d’Europe de l’Est un crédit de 10 milliards de dollars. A Belgrade, il a proposé aux leaders des pays de construire les chemins de fer et de moderniser les ports maritimes. En Albanie et en Macédoine, il a proposé de construire des usines fabrication de ciment et de verre. En Slovaquie et en Roumanie, le chef du gouvernement chinois a proposé de construire des centrales nucléaires, hydrauliques et thermiques. En République tchèque et en Albanie, il a proposé de construire des parcs industriels et des zones économiques libres. La Chine pourrait participer à ces projets.
Dans le contexte de crise financière de l’UE, la générosité chinoise ne connaît pas de frontières. Surtout que la Chine a promis d’encourager l’émission des titres de créance par les banques de ces pays d’Europe sur le marché chinois et rechercher des occasions de créer un fond de coopération non pas en euros, mais en yuans chinois. Alors que les entreprises européennes voient une chance dans les investissements chinois, les hommes politiques sont préoccupés par la présence de plus en plus importante de la Chine en Europe. Ce conflit d’intérêts affecte aussi la Chine.