Selon les derniers ordres des autorités de Pékin, il est interdit de diffuser au public chinois des films, qui contiennent des scènes de violence, notamment les enlèvements, les assassinats et les suicides. En outre, les autorités de contrôle du contenu numérique chinois ont interdit de montrer en Chine des films où les héros jouent aux jeux d’argent, consomment de la drogue et sont infidèles à leurs conjoints.
Les principaux services vidéo à la demande (VOD) en ligne américains comme Netflix et Amazon Prime étant déjà interdits en Chine, c’est le service chinois Sohu qui sera obligé de passer au peigne fin ses contenus. C’est sur ses chaînes qu’a été diffusé la série américaine House of Cards que les fonctionnaires du parti communiste chinois ont beaucoup apprécié, selon certaines sources. Quant aux autres séries américaines, notamment The Big Bang Theory, The Good Wife, NCIS ou The Practice, personne parmi les dirigeants chinois ne semble les avoir regardées. Cette année les censeurs chinois les ont bloqué, obligeant tous les sites Internet VOD de les retirer des listes de diffusion.
Comme d'habitude, la discussion de la nouvelle interdiction s’est déroulée principalement sur Internet, dans les réseaux sociaux. « Tout ce qui nous reste – ce sont les shows, réalisés par les fonctionnaires du parti. C’est une « vague rouge » qui va recouvrir la Chine », se plaint un utilisateur sur Weibo, un service de microblogging chinois. L’utilisateur sous-entendait sans doute le marathon de deux mois de cinéma patriotique et antifasciste dans le cinéma et à la télévision en RPC. Un autre utilisateur a supposé en plaisantant qu’en suivant la logique des autorités, il faut attacher davantage d’attention aux informations sur l’infidélité des fonctionnaires chinois de haut rang.
La loi actuelle s’insère complètement dans la logique de la campagne des autorités chinoises, lancée en avril dernier, qui avait pour objectif de lutter contre la pornographie sur l’Internet chinois. D'avril à novembre, la Chancellerie nationale de lutte contre la pornographie et le contenu illégal a fermé en tout 110 sites Internet à cause de leur contenu.
En outre, dans le cadre de poursuite de la lutte contre le « contenu immoral », toutes les chaînes de télévision et les studios ont reçu l’ordre de ne pas diffuser des films et des programmes avec la participation des vedettes « au passé douteux ». Ainsi Jaycee Chan, le fils de Jackie Chan devenu persona non grataen RPC à cause de son arrestation pour avoir fumé de la marijuana, a été mis en premier sur cette liste, aux côtés de l’acteur Huang Haibo et le réalisateur Wang Quanan, accusés d’avoir eu des relations avec des prostituées.
La Chine n’est pas le seul pays, où les autorités interdisent certains films à la diffusion en salles. Par exemple, le film Orange Mécanique (A Clockwork Orange) a été interdit au cinéma aux Pays-Bas, au Portugal, en Nouvelle Zélande, en Suède et en Norvège à cause des nombreuses scènes de violence. Israël interdit au cinéma des films qui sont liés à la Seconde guerre mondiale ou la religion. Ce fut le cas des films Les Dix derniers jours d’Hitler (Hitler : The Last Ten Days) ou La dernière tentation du Christ (The Last Temptation of Christ). Les pays islamiques interdisent tous les films occidentaux sur le thème religieux, alors que dans les pays asiatiques on interdit la diffusion dans les salles les films qui concernent le passé de ces pays. En 2009, les autorités de la Corée du Nord, voisine avec la Chine, ont interdit à la diffusion le film-catastrophe 2012, le qualifiant d’outrageant, car ce film présentait négativement l’année, lorsque le centenaire du fondateur du pays Kim Il Sung devait être célébré.