10 tours de négociations entre le groupe 5+1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne) et l'Iran ont été beaucoup plus productifs que toutes les négociations précédentes menées pendant 10 ans. Le négociateur russe principal, vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, a déclaré que « quand le tour précédent s'était achevé le 24 novembre les parties étaient littéralement à deux pas de l'accord. Nous l'avons signalé à plusieurs reprises et ce n'est pas une exagération ».
En effet, près de 95 % du texte de l'accord général ont été concertés. Les parties ont réussi à trouver un consensus sur de nombreuses questions. Il est vrai que les 5 % qui restent sont, de l'avis des participants au dialogue, les plus compliqués et les questions en suspens demandent un examen minutieux et approfondi. C'est pourquoi les parties en sont venues à la conclusion qu'il fallait encore 3 ou 4 mois pour mettre au point les paramètres de l'accord final et quelques mois encore pour rédiger un annexe technique détaillé.
Les questions techniques à savoir la réduction du nombre de centrifugeuses, l'optimisation des quantités d'uranium enrichi stocké en Iran, les changements technologiques sur plusieurs sites nucléaires et plus particulièrement sur le réacteur à eau lourde d'Arak et l'usine d'enrichissement de Fordo, ainsi que le régime de contrôle de la part de l'AIEA ne posent pas de grands problèmes. La situation est plus compliquée avec la durée de l'accord. En ce sens, les opinions varient entre 3 et 20 ans.
L'algorithme de levée des sanctions reste aussi un grand problème. L'Iran exige que toutes les sanctions soient annulées simultanément avec la signature de l'accord. Il est évident que c'est irréel étant donné la complexité du mécanisme d'adoption d'actes législatifs appropriés aussi bien par le Conseil de sécurité de l'ONU que par les parlements des pays ayant imposé les sanctions à la République islamique.
Selon la politologue orientaliste Irina Fedorova :
« Le manque de confiance est la principale pierre d'achoppement sur la voie de la solution du problème. Au premier chef, entre les Etats-Unis et l'Iran. C'est pourquoi il est tout à fait logique qu'un dialogue irano-américain intense soit mené ces derniers mois. Les parties tentent de débarrasser les amas de haine accumulés en 35 années de face-à-face au bord de la guerre. Cela va de soi qu'il ne s'agit pas du rétablissement des relations et d'une coopération officielle dans la lutte contre l'Etat islamique (ce qui est regrettable), mais du rapprochement des positions visant à parvenir à un résultat positif des négociations nucléaires ».
Cet objectif est recherché aussi bien par Téhéran que par Washington. Les négociateurs iraniens et américains sont entre le marteau et l'enclume, entre la nécessité d'accepter des compromis réels au cours des négociations et la nécessité de les présenter à l'opposition intérieure comme victoires de leur diplomatie. C'est évidemment la raison pour laquelle le processus ne se déroule pas aussi vite qu'on le voudrait et les négociations sont souvent menées à huis clos et dans une ambiance de secret pour ne pas troubler les opposants, ce qui est sans doute correct.
Comme attendu, les négociations à Genève n'ont pas produit de sensations. Ce n'est que le premier pas dans la voie longue de six mois qui pourrait conduire à une solution positive arrangeant tout le monde. T