Massacre des Polonais de Volhynie : à qui profite le silence ?

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Les chaînes publiques ukrainiennes de télévision et de radio n’évoquent pas ces évènements. Les historiens et les autorités de Kiev évitent d’aborder ce thème pour cacher à la population l’horrible vérité sur les crimes commis par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). La Pologne garde elle aussi le silence sur ces faits bien qu’au moins 35 000 Polonais ont été sauvagement tués.

En 1992, une délégation polonaise s’est rendue en Ukraine. Les experts polonais ont été autorisés à effectuer des fouilles et à procéder à des exhumations en Volhynie et sur les terres boisées d’Ukraine où les bandes de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’UPA opéraient en 1943. Plus de 600 fosses communes avec des restes de victimes des nationalistes ukrainiens ont été découvertes. Le nombre total des victimes de la tragédie dite «massacre volhynien » oscille entre 36.000 et 100.000 personnes.

Le massacre volhynien se distingue des autres crimes ethniques retentissants par une cruauté exceptionnelle. Les unités de l’UPA encerclaient des villages et des fermes appartenant à des Polonais de souche, souvent sans tirer aucun coup de feu. Ils massacraient toute la population, des nourrissons aux vieillards, en arrachant à leurs victimes la langue, en leur crevant les yeux, en leur enfonçant des clous dans la tête, en les écartelant et en les hachant.

On tuait les gens dans un but précis, seulement parce qu’ils étaient des Polonais. Parmi les victimes, on compte aussi des Juifs et des Russes de souche. Selon les nationalistes ukrainiens, la création de la Grande Ukraine exigeait de « supprimer complètement les étrangers ».

Voici l’avis de Vladimir Olentchenko, chercheur au Centre d’études européennes de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie :

« Concernant la Volhynie, il faut s’interroger sur la légitimité de l’administration polonaise de ces territoires. De nombreux politiciens polonais sont toujours fermement convaincus que l’Ukraine occidentale fait partie de la Pologne. Ils estiment toujours que la Russie a divisé la Pologne bien qu’elle ait seulement reconstitué la Pologne dans ses frontières d’avant sa réunification avec la Lituanie. C’est pourquoi l’histoire ne leur permet pas de se demander comment les populations polonaises se sont trouvaient dans cette région. »

L’approche ukrainienne de la tragédie n’en est pas moins significative. Durant les plus de 20 ans d’existence de l’Ukraine indépendante, aucun de ses dirigeants n’a condamné les actions de l’OUN ni de l’UPA. Au contraire, le président ukrainien de 2005 à 2010, Viktor Iouchtchenko, a proclamé « héros nationaux » les chefs de file des nationalistes dont Stepan Bandera et Roman Choukhevitch.

Il n’est donc pas étonnant que des forces politiques préconisant de héroïser les nazis passent au Parlement ukrainien, et que l’actuel président d’Ukraine, Piotr Porochenko, fasse de l’anniversaire de l’UPA, le 14 octobre, une fête nationale sous le nom de Jour du défenseur de l’Ukraine. /N

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