Les services de renseignement allemands avertissent que le risque de confrontation entre islamistes et extrémistes grandit dans le pays, après une nouvelle manifestation à Dresde contre l'islamisation, écrit mercredi le quotidien Kommersant.
En deux mois, le nombre de participants à ces rassemblements est grimpé à 15 000 — une mobilisation fermement critiquée par les autorités. Toutefois, selon les experts, les déclarations politiques ne suffiront pas à neutraliser le puissant potentiel de protestation.
"Deux tendances parallèles sont à l'œuvre en Allemagne: d'une part, on constate une augmentation significative du nombre de salafistes; de l'autre une hausse de l'activité xénophobe", relève Hans-Georg Maassen, directeur de l'Office fédéral de protection de la Constitution, service de contrespionnage en Allemagne. Selon lui, la situation pourrait être aggravée par les ex-combattants des groupes radicaux qui ont combattu en Syrie et sur d'autres points chauds, revenus aujourd'hui en Allemagne. "Le bilan de l'année est terrible: jamais encore autant de djihadistes n'étaient partis d'Allemagne en Syrie et en Irak qu'après la création de l'État islamique", avertit Hans-Georg Maassen.
Dans l'autre camp de ce conflit imminent: les Allemands opposés à la hausse du flux de réfugiés, d'immigrés économiques et à la baisse des exigences pour leur intégration. La montée en flèche de la popularité du mouvement Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) indique que les extrémistes de droite ne sont pas les seuls à adopter cette position.
Ce mouvement est apparu en octobre quand Lutz Bachmann, Dresdois de 41 ans, a appelé sur Facebook à organiser une manifestation tous les lundis. 150 personnes ont manifesté la première fois mais deux mois plus tard, on comptait 15 000 participants à ce rassemblement hebdomadaire.
Les protestations montent en puissance en Saxe, où la part des étrangers n'est pourtant que de 2% — bien moins qu'au niveau national — ce qui est également révélateur.
De nombreux politiciens et médias ont condamné les protestations en rappelant le passé criminel de leur organisateur Lutz Bachmann et en indiquant que des citoyens respectables avaient été rejoints par des supporters de football, des extrémistes de droite et des néonazis. Les experts sont persuadés que suite aux protestations à Dresde, le gouvernement, qui travaille depuis longtemps à la réforme de la politique d'immigration, pourrait être confronté au risque de radicalisation des musulmans.