La coopération économique entre l'UE et l'Ukraine relève du néocolonialisme, a déclaré lundi le premier ministre russe Dmitri Medvedev au journal Nezavissimaïa Gazeta.
"La coopération économique entre l'UE et l'Ukraine relève du néocolonialisme. On crée des avantages inéquitables pour les sociétés européennes et leurs partenaires ukrainiens sous prétexte de promouvoir une concurrence honnête +à l'européenne+. L'Ukraine intéresse l'UE avant tout comme une source de matières premières et, sans doute, comme un débouché pour les sociétés européennes", a indiqué M.Medvedev.
Selon lui, l'Ukraine importe principalement des produits finis et exporte des matières premières. La plupart des producteurs ukrainiens ne tiendront pas la concurrence face aux produits européens qui inonderont le marché national après l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange avec l'UE. L'application de l'accord d'association Ukraine-UE entraînera l'annulation de presque toutes les taxes à l'importation ukrainiennes.
"Il semble que personne n'ait étudié le préjudice qui sera porté aux producteurs ukrainiens. Personne ne peut dire de quels avantages bénéficieront les sociétés ukrainiennes quand elles auront accès au marché européen", a-t-il ajouté.
Le montant des préférences commerciales accordées par les Européens à l'Ukraine s'élèverait à 400 millions d'euros par an, mais cela ne représente que quelques points pour cent des futures pertes de Kiev, d'après M.Medvedev.
Selon le premier ministre, l'avenir paraît aussi sombre pour le secteur agroalimentaire ukrainien notamment en raison des aides dont bénéficient les fermiers en Europe. Les agriculteurs ukrainiens se retrouveront dans une position désavantageuse. Or, l'agroalimentaire représente actuellement 17% du PIB et 27% des exportations de l'Ukraine. Qui plus est, les exportations agroalimentaires ukrainiennes seront soumises à des quotas et les autres produits ukrainiens seront frappés de taxes ce qui les rendra plus chers.
L'Ukraine devra en outre adapter ses secteurs industriel et agroalimentaire aux normes techniques européennes.
"Les frais de ces réformes seront probablement moins importants que les chiffres annoncés pendant la présidence de Viktor Ianoukovitch (entre 160 et 500 milliards d'euros sur dix ans). Mais il serait naïf de s'attendre à des compensations de la part de l'UE", a conclu M.Medvedev.