Les chefs d’œuvres perdus à l’époque de l’industrialisation

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« Pour trouver de l’argent pour la reconstruction socialiste de l'URSS, le gouvernement a ordonné de vendre une partie de pièces du musée ».

Cette phrase sèche dans les mémoires de l’ex-directeur de l'Ermitage nous rappelle comment, à la fin des 1920 et au début des années 1930, était commis le pillage monstrueux de l'Ermitage. L'État lui-même, ayant proclamé le cap mis sur l'industrialisation, en portait la responsabilité.

Entre 1929 et 1934, l'orgie de l'ignorance régnait dans l'Ermitage. Des gens mal instruits et armé non seulement d’idées, emportaient sans cesse du musée des tableaux, des œuvres les plus chères des arts décoratifs, des collections de bijoux et de monnaies, des meubles historiques. Tout cela était envoyé avec l’aide des intermédiaires à l’Occident pour être vendu pour des prunes dans les maisons d’encan de Berlin et même dans les grands magasins américains. On accomplissait aussi les commandes directes des millionnaires. Et quand les soldes ont été arrêtées, pour beaucoup, grâce à la résistance des collaborateurs du musée qui écrivaient des lettres dans les instances supérieures soviétiques - on a vu que la collection de l’Ermitage avait perdu plusieurs principales perles. Y compris, une cinquantaine de chefs-d’œuvre de renommée mondiale : les toiles de Raphael, de Rembrandt, de Titien, de Van Eyck. En se rappelant toute la liste, Svetlana Adaskina, actuel conservateur principal de la collection de l'Ermitage, dit :

« Il s’agit de plusieurs dizaines de milliers de différents objets. Naturellement, les expositions de l'Ermitage auraient eu un air différent maintenant, sans les soldes de cette époque-là. C’est une page tragique de l'histoire. »

Le plus terrible, c’est que, dans leur folie, «les revendeurs de l'Ermitage» ont compris déjà alors, au début des années 1930, que les recettes des ventes dépassaient à peine un pour-cent du PIB du pays et qu’elles n’avaient pas d’impact important sur le déroulement de l'industrialisation. Mais leurs actions avaient un effet tangible – un préjudice énorme au patrimoine culturel national et à la réputation internationale de l'Union Soviétique. "Les vendeurs" ont tourné bride, ils prétendaient n’avoir pris que des objets de moindre importance ou des copies. Mais c'est un mensonge. La vérité, dit le docteur ès sciences historiques Sergey Bazanov, c’est que dans cette question difficile, une solution trop simplifiée bolcheviste était choisie :

« Naturellement, c’était une grosse erreur. Puisque le patrimoine doit rester intact. Eux-mêmes, en 1918 ou à la fin de 17, ils avaient publié le décret sur la préservation des œuvres d’art, des monuments historiques et ils ont tout pillé au nom de l'État, en conformité avec les documents écrits. Les objets disparaissaient du musée.… »

D’après l'avis de Sergey Bazanov, la vente des matières premières – du bois, du charbon, de la fourrure, du poisson aurait pu devenir un moyen efficace de l'aide immédiate à l'industrialisation. Mais il était plus facile de trouver immédiatement de l'argent dans les musées, d'autant plus qu'à la fin des années 1920, il y a déjà eu l’expérience du pillage dans les églises. « Naturellemnt, le chef de l'État était au courant», - souligne l'historien :

« Je pense que Lénine et Staline approuvaient cette solution parce que c’était un moyen de recevoir l'argent tout de suite. Dans le cas des matières premières, pour les vendre - il faut des bateaux citernes, des wagons, et dans le cas présent, tout pouvait être mis dans quelques boîtes! Certes, ces objets n'ont pas disparu. Ils sont exposés dans différents musées étrangers, dans les collections privées et cetera. Mais il ne semble pas possible de les restituer. »

Le plus surprenant, c’est que ces objets, dispersés à présent dans des collections privées et publiques de différents pays, figurent jusqu'à présent dans la documentation du musée. Ils ne sont pas retirées des listes, et le Ministère de la culture de Russie doit le faire, enfin, trouve Svetlana Adaskina. Et dire adieu encore une fois à toutes ces œuvres d’art célèbres ayant un jour appartenu à l'Ermitage …

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